Adolescentes de choc
Autour de Greta Thunberg, ce sont des jeunes filles surtout qui mènent le combat pour le climat. Avec une détermination et une conscience politiques impressionnantes.
dans l’hebdo N° 1542 Acheter ce numéro
Un gars, en bout de ligne pour la conférence de presse, place de la République ce 22 février : Romaric Thurel, de Youth4Climate France. Et puis six filles, qui crèvent l’écran : Ysée Parmentier, de Little Citizens for Climate France, les Belges Anuna De Wever, Kyra Gantois et Adelaïde Charlier, l’Allemande Luisa Neubauer et bien sûr la Suédoise Greta Thunberg. La génération adolescente en grève pour le climat est très nettement féminine, un trait qui marque presque toutes les luttes sociales et écologistes récemment émergées dans le monde.
Leur engagement s’inscrit aussi dans une lignée de jeunes activistes extrêmement déterminées. En 1992, le discours de la Canadienne Severn Cullis-Suzuki, 12 ans, bouleverse l’auditoire du Sommet de la Terre de Rio. Cinq ans plus tard, Julia Hill, États-Unienne de 23 ans, passe deux ans de sa vie perchée à 55 mètres dans un séquoia géant de Californie pour sauver une forêt. En 2017, sa compatriote Jamie Margolin fonde à 16 ans Zero Hour, mouvement de jeunes pour le climat.
Greta Thunberg est porteuse d’une dimension supplémentaire. Assise tous les vendredis depuis août 2018 devant le Parlement suédois avec son panneau « Skolstrejk för klimatet » (« grève de l’école pour le climat »), elle est devenue en deux mois l’icône planétaire d’une révolte des jeunes contre l’inaction des gouvernements. Pas seulement par ses discours accusatoires, aiguisés comme des lames. Ni par le contraste troublant entre sa froide détermination, la consistance de ses engagements (elle est végane, ne prend pas l’avion, etc.) et cette stature d’enfant, bouille ronde et nattes. Ni même ce syndrome d’Asperger, forme d’autisme suscitant un surinvestissement dans certains centres d’intérêt. Mais parce qu’à 16 ans à peine la gamine qui vivait jusqu’alors « invisible, que personne ne voyait ni n’écoutait », a mis ce charisme hors standard au service d’une croisade profondément politique. Par sa dimension internationale, mais aussi parce que Greta n’appelle pas seulement les décideurs à « faire leurs devoirs climatiques », mais à un changement de système, pour plus d’équité et de partage planétaire.