Le monde de Greta
En Belgique, en Australie, au Québec, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, des jeunes ont entamé en faveur du climat un mouvement de grève des cours qui ne cesse d’agréger autour de lui.
dans l’hebdo N° 1540 Acheter ce numéro
En décembre dernier, à la COP 24 en Pologne, Greta Thunberg, lycéenne suédoise de 15 ans, délivrait une adresse directe et puissante aux chefs d’État accusés de ne rien faire ou presque. « Les solutions au sein du système sont si impossibles à trouver, alors peut-être devrions-nous changer le système lui-même », déclarait-elle notamment. Si les dirigeants ont poliment encaissé – on excuse facilement l’utopie des petits jeunes qui ne savent pas encore grand-chose de la vie –, son discours n’est pas resté lettre morte pour autant. En Belgique, en Australie, au Québec, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, des jeunes ont entamé un mouvement de grève des cours qui ne cesse d’agréger autour de lui, au point qu’une grève mondiale est prévue le 15 mars. Une greffe semble prendre en France chez les étudiants qui sont entrés dans la danse ces deux dernières semaines, et appellent à se réunir en assemblée locale tous les vendredis au nom de la défense de l’écosystème et du vivant mis en péril par les changements climatiques. Si cet élan s’amplifie – c’est à souhaiter –, la France aura ses vendredis verts et ses samedis jaunes. Qui sait d’ailleurs s’ils ne se rencontreront pas ?
En attendant, Greta ne s’adresse pas aux « adultes » d’aujourd’hui, elle ne semble en réalité plus en attendre grand-chose. Ce sont ses camarades qu’elle exhorte à s’engager, pour empêcher la destruction de l’espèce humaine par l’homme lui-même. Après tout, que les jeunes générations s’imposent est non seulement légitime, mais devient nécessaire quand les aînés n’y arrivent pas ou, pire, ne veulent pas. Autrement dit, l’émancipation des jeunes sera l’œuvre des jeunes eux-mêmes. Quelle puissance extraordinaire aurait ce mouvement vert mondial s’il atteint aussi demain les jeunes de Chine, d’Inde, d’Afrique, d’Iran, de Russie… Bref, de tout le monde non-occidental. Les réseaux sociaux le permettent désormais. Mais la question qui est posée à ce mouvement mondial encore neuf est aussi celle de la méthode, c’est-à-dire de la capacité à gagner vite et radicalement. Sans doute faudra-t-il que la peur de ne pas vivre qui habite ces jeunes mute en une espèce de peur de tout perdre des actuels responsables du désastre. Pour que la colère ne se mue pas en violence, il faudra sans doute le nombre. À l’échelle de la planète entière.
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