Geneviève Legay, la pacifiste jetée à terre

La violence d’État a fait une nouvelle victime, samedi à Nice, en la personne de la porte-parole départementale d’Attac 06, tombée au cours d’une charge policière disproportionnée.

Michel Soudais  • 26 mars 2019 abonnés
Geneviève Legay, la pacifiste jetée à terre
© photo : Geneviève Legay crédit : Valery HACHE / AFP

Paternalistes, condescendants, indignes, déplacés… Les propos d’Emmanuel Macron souhaitant « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse » à la porte-parole départementale d’Attac grièvement blessée lors d’une manifestation interdite à Nice ont fait polémique. À raison. Car le président de la République, qui s’exprimait dans Nice-Matin (25 mars), n’a émis nul regret des blessures – plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et des hématomes sous-duraux – infligées à Geneviève Legay, 73 ans.

Alors que cette dernière était encore à l’hôpital, le chef de l’État lui faisait la leçon : « Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. » Des propos aussi indécents que ceux tenus par le ministre délégué chargé de la Sécurité, Robert Pandraud, après la mort de Malik Oussekine, frappé à mort par une équipe de « voltigeurs » le 6 décembre 1986 à Paris : « Si j’avais un fils sous dialyse, je l’empêcherais de faire le con dans la nuit. » Nos aînés devraient donc s’abstenir d’exprimer leurs convictions politiques, comme le faisait Geneviève Legay avec son drapeau « Paix » multicolore ?

Avec elle, ils n’étaient que quelques dizaines à protester pacifiquement contre l’interdiction de manifester, réclamée par le maire LR de Nice, Christian Estrosi, et approuvée sans réserve par l’éditorialiste de Nice-Matin, dans une ville où les gilets jaunes ont toujours manifesté dans le calme. Pour les disperser, la charge des forces de l’ordre qui a jeté à terre Geneviève Legay semble bien disproportionnée. Elle justifie les plaintes de la famille de la victime et de l’association Attac.

Ce n’est pas l’avis d’Emmanuel Macron qui, pour dédouaner son gouvernement de toute responsabilité, affirme dans le même entretien à Nice-Matin que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». « Elle n’a pas été touchée par les forces de sécurité », soutenait également lundi soir le procureur de la République de Nice. Cette version officielle est contredite par des images de France 3 et de CNews compilées par le compte twitter @PureTele.

On y voit Geneviève Legay tenir son gilet jaune dans la main droite quelques secondes avant la charge au cours de laquelle un agent des forces de l’ordre bouscule violemment une personne qui tient dans sa main droite un gilet jaune. Des images troublantes qui contribueront à faire de cette septuagénaire un symbole des revendications pacifiques réprimées par un pouvoir autoritaire et violent.

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