La Terre a connu un nouveau record des émissions de CO2 en 2018

L’an dernier, les émissions mondiales de gaz carbonique liées à l’énergie ont augmenté de 1,7 %, soit 560 millions de tonnes, pour atteindre 33 gigatonnes, pointe l’Agence internationale de l’énergie.

Claude-Marie Vadrot  • 27 mars 2019
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La Terre a connu un nouveau record des émissions de CO2 en 2018
© photo : en MOSELLE, VILLAGE OF SAINT AVOLD abrite une centrale à charbon et gaz. crédit : THIERRY GRUN / ONLY FRANCE

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier un sévère avertissement sur l’augmentation en 2018 de l’émission de gaz carbonique dans le monde. Cette organisation intergouvernementale autonome est rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Composée de 30 pays membres, pour la plupart importateurs de pétrole, elle a été fondée en 1974 à la suite de la première crise pétrolière. Sa vocation initiale est de coordonner les mesures à prendre en cas de difficultés d’approvisionnement dans ce domaine.

L’AIE, d’ordinaire plus laxiste, puisque les États-Unis en font partie, explique que les quantités de gaz à effet de serre ont repris leur courbe ascendante après une relative stagnation. Cette « pollution » a atteint l’année dernière un record de 33,1 milliards de tonnes, soit une progression de près de 2 % (560 millions de tonnes) sur une année. Elle est liée à une autre réalité : la demande en énergie a bondi de 2,3 % au cours de la même période, résultant de l’augmentation du trafic aérien, de l’accroissement des émissions de nouvelles centrales à charbon et du manque de volonté de nombreux pays industrialisés ou en développement.

Malgré les énergies renouvelables

En dépit de quelques efforts limités, les politiques liées au climat restent inadéquates et se révèlent incapables de contrecarrer les effets de l’expansion économique et de mettre en place les décisions prises en décembre 2015 par l’accord de Paris qui aurait du contraindre de nombreux pays à tenir leurs promesses.

Michael Mehling, directeur adjoint du centre énergétique et environnemental du Massachusetts Institute of Technology (MIT) explique dans un commentaire : 

La Chine et les États-Unis portent une grande responsabilité dans cette dérive. La première, comme l’Inde, et malgré un recours plus important aux énergies renouvelables, n’a pas renoncé à augmenter l’usage du charbon, du pétrole et du gaz. Pour les seconds, en dépit du déclin du recours au charbon, la situation est préoccupante en raison de la progression de l’usage du gaz. Ces trois pays, qui représentent 85 % de l’augmentation, et beaucoup d’autres, devraient garder en mémoire que pour espérer que l’objectif de la température se maintienne à une augmentation de 1,5 °C, il est impératif que tous les rejets de CO2 soient réduits de moitié en 2030. Or, ajoute Rob Jackson, chercheur à l’université de Stanford, « les progrès des énergies renouvelables, restent largement inférieurs à ceux des énergies fossiles. Ce que la réalité, en Europe et aux États-Unis, dément de façon décourageante. Et les conséquences climatiques sont catastrophiques. Nous nous acheminons vers un désastre car nul ne semble capable de ralentir cette évolution ».

En dépit d’importantes progression dans le recours aux énergies renouvelables, les émissions de gaz à effet de serre progressent, démontrant une nouvelle fois que des décisions urgentes sont indispensables sur tous les fronts d’autant plus que 25 % de l’augmentation des besoins en énergie sont imputables au chauffage et à la climatisation liés aux évolutions du climat.

Conclusion du directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol : 

En Europe, les politiques englués dans leurs querelles nationales ne semblent pas s’émouvoir de l’avertissement de l’Agence Internationale de l’énergie. Y compris en France où on attend encore les premières éoliennes off-shore et où les anti-éoliens pourchassent devant les tribunaux les nouveaux projets d’installation sur la terre ferme…

Écologie
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