Bwa précieux
Le tandem Laurent Coq-Ralph Lavital revient en force et en groove.
dans l’hebdo N° 1547 Acheter ce numéro
Le nouveau disque de Laurent Coq et Ralph Lavital, BWA, sonne comme un retour aux sources et un prolongement. Des sources mélodiques prêtes à surgir, des racines et leurs fruits à cueillir, ces chansons aux lignes simples et efficaces formant le troisième acte, après Dialogue (2013) et Carnaval (2017), d’une longue complicité d’écriture et de jeu.
La métaphore de l’arbre résume fort bien les intentions des musiciens :
Bwa signifie “bois” en créole. C’est la matière noble dont on fait les instruments qui vieillissent bien, mais c’est aussi l’être organique qui relie la terre – le rythme, le groove, le socle, la solidité – au ciel – la mélodie, l’harmonie, la lumière et la fragilité. Enfin, c’est un ensemble d’arbres, ce qui renvoie à la notion de collectif qui nous est si chère.
Les liens qui se sont tissés entre Laurent Coq, ici au Fender Rhodes, et Ralph Lavital remontent aux bancs d’une école, l’Edim, où le second, tout jeune guitariste et chanteur, savourait les cours de composition du maestro des 88 clés. Le chanteur Nicolas Pelage, invité sur trois titres, partage l’aventure depuis le début. Quant au batteur Tilo Bertholo (déjà présent sur Carnaval) et au bassiste Swaeli Mbappé (fils du célèbre Étienne Mbappé), leur soutien rythmique conjugue la densité de l’ébène et la souplesse du saule.
Sur des textes majoritairement chantés en créole, Lavital délivre une musique aux saveurs douces et pimentées, un jazz presque pop qui n’a pas peur du groove et s’inspire de mille manières (dont celle, ô combien grisante, du chanteur brésilien Milton Nascimento). « Dans un geste franc et direct » corroboré par les harmonies complexes du Fender, il creuse une voie originale, porteuse de la mémoire mélodico-rythmique des Antilles, encore largement méconnue en métropole.
BWA 88Trees/L’Autre Distribution, en concert le 30 avril au Sunside (Paris Ier).