« Pelissandre », de Garden With Lips : chansons ardentes

À rebours de tout esprit de chapelle, L’Église de la petite folie – label brestois pas très catholique dont le nom est déjà un plaisir en soi – gambade depuis 2002 dans le champ de la musique actuelle et y creuse un fin sillon zigzaguant, quelque part entre nouvelle chanson, pop, folk et rock indépendant. Présent dès le début, Gildas Secretin compte parmi les protagonistes de cette aventure doucement hérétique. Graphiste, il a signé la plupart des pochettes des disques publiés par le label. Il lui apporte aussi une notable contribution musicale via Garden With Lips, projet solo avec lequel il cultive une pop en français, intimiste et buissonnière, dans la lignée des productions de Lithium – label indépendant essentiel des années 1990, aujourd’hui disparu, qui révéla Dominique A et Diabologum, entre autres.

Découvert avec Radeau de bois (2013) puis La Voix de mon rêve (2015), Garden With Lips s’est affirmé comme un auteur-­compositeur-interprète précieux, élégant et audacieux. Sorti fin mars, Pelissandre devrait, espérons-le, permettre à ce jardin encore trop secret d’élargir sensiblement son public. Contrairement au précédent (La Vie de court, 2016), qui semblait un peu voilé et étriqué, ce nouvel album (son quatrième) apparaît rayonnant et donne le sentiment d’un plein épanouissement.

Ballades fugueuses à la fois méditatives et alertes, portées le plus souvent en mode parlé-chanté, les dix chansons ici réunies bénéficient en particulier d’une imparable évidence mélodique. Très bien mises en relief par une production aérée, elles se révèlent aussi vives et suggestives dans l’écriture que dans l’interprétation, à commencer par la chanson-titre, « Mare Nostrum », et « Âme forte ». D’emblée, elles attrapent l’oreille et le cœur pour ne plus les lâcher.

Pelissandre, Garden With Lips, L’Église de la petite folie.