Au Brésil, Jair Bolsonaro autorise des pesticides dangereux

Avec l’homologation de 152 nouveaux pesticides par le président brésilien, le nombre de ces produits agricoles nocifs en circulation dans le pays dépassera largement le millier.

Claude-Marie Vadrot  • 6 mai 2019
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Au Brésil, Jair Bolsonaro autorise des pesticides dangereux
© crédit photo : WILTON JUNIOR / AGÊNCIA ESTADO

En une centaine de jours de règne sur son pays, le nouveau président du Brésil Jair Bolsonaro a déjà mis en œuvre une des mesures annoncées en faveur des grandes exploitations agricoles : l’homologation de 152 pesticides auparavant interdits. Alors que ce pays est déjà considéré comme le champion du monde de l’usage de ces produits provoquant chaque année quelque 100 000 cas d’intoxications plus ou moins graves dans les populations rurales – et même citadines, quand les espaces cultivés sont proches des villes.

La plupart des homologations sont accordées à des sociétés américaines, allemandes ou chinoises. La plupart des produits acceptés par le Brésil sont interdits dans les pays dont sont issues ces firmes : par exemple, le chlorpyrifos, que les agriculteurs américains n’ont plus le droit d’utiliser depuis 2018 car il a été démontré qu’il peut provoquer des malformations chez les enfants.

Dans cette première longue liste figure également un produit réputé tueur d’abeilles, le fongicide mancozèbe, interdit depuis plusieurs années au Canada.

De 139 en 2015 à 1 300 en 2019

Lorsque la présidente Dilma Rousseff était au pouvoir en 2015, le nombre des pesticides autorisés était de 139. Il est passé à 450 lors de la présidence de son successeur Michel Temer. Et le nouveau ministre de l’Agriculture vient d’annoncer qu’ils devraient atteindre 1 300 quand toutes les demandes d’autorisation pendantes seront satisfaites. En attendant de nouvelles requêtes…

L’association Human Rights Watch a publié une étude de 50 pages, intitulée You Don’t Want to Breathe Poison Anymore, qui sonne l’alarme sur les dégâts humains entraînés par ces pesticides, notamment dans les communautés indigènes et villageoises. Le responsable de cette association internationale, Richard Pearshouse, explique que _« les pesticides sont diffusés jusque dans les salles de classe où ils intoxiquent des enfants et plusieurs de ces produits ont été classés par les autorités sanitaires brésiliennes comme extrêmement toxiques ». Accusation qui concerne en particulier l’herbicide Lasso de Monsanto, qui n’est plus autorisé en France depuis 2008.

Le tout-puissant lobby agro-industriel

La rapide augmentation des autorisations de pesticides dangereux est le résultat des pressions d’un groupe de pression agricole très actif au Congrès et du recul de l’agro-écologie. Cette évolution est dénoncée par Castro Moreira, président de l’Association pour le progrès de la science, qui regroupe une centaine de groupes de scientifiques : « Ces autorisations pourraient avoir de graves conséquences sur la santé des Brésiliens et sur leur environnement. »

Mais toutes les protestations, nationales et internationales, n’ont pas fait fléchir la résolution du président Bolsonaro. En témoigne l’accumulation des demandes d’homologations…

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