Marche des jeunes pour le climat : « Allez voter ! »
Plus de 1 500 marches pour le climat se sont déroulées, vendredi 24 mai, dans 118 pays différents. En France, à deux jours des élections européennes, jeunes et moins jeunes étaient plus de 42 700 dans près de 80 villes à brandir panneaux et slogans créatifs et engagés.
O n marche pour défendre notre futur. On veut se faire entendre d’une façon ou d’une autre, à défaut de pouvoir voter dimanche. » Dans le cortège parisien, qui s’élance de l’Opéra en direction de la place de la République, Céleste, 17 ans, fait partie de ceux qui ont répondu à l’appel de la jeune Suédoise Greta Thunberg, à l’origine du mouvement des « Fridays for Future ». Ce vendredi après-midi, la lycéenne et ses camarades ont séché les cours. Bien que ses parents ne soient pas « super d’accord » à l’idée que leur fille fasse l’école buissonnière à un mois des épreuves du bac, Céleste l’assure : « Cette marche pour le climat est encore plus importante. Ça vaut le coup. » La jeune fille est loin d’être la seule à avoir troqué cahiers et stylos pour une pancarte en carton cet après-midi : « Les cours se rattrapent, le climat non » – « Papa, maman, si la planète sèche alors moi aussi ! »
Depuis septembre 2018, les jeunes de toute la planète se mobilisent pour le climat en faisant grève chaque vendredi après-midi. Après le succès planétaire de la première marche mondiale pour le climat du 15 mars, plus de 1 500 événements ont été organisés dans 118 pays à travers le monde pour le second volet de la marche, vendredi 24 mai. Sit-in, die-in ou walk-in ont réuni, selon les organisateurs, plus de 42 700 manifestants dans 78 villes de France.
Participer à la marche mondiale pour le climat était une évidence pour Valérie, jeune trentenaire. La Lyonnaise vient d’achever un périple à pied de cinq semaines jusqu’à Bruxelles, dans le but de « sensibiliser l’opinion publique à l’importance d’aller voter », dimanche 26 mai, pour les élections européennes. Un drapeau européen sur les épaules, elle marche une nouvelle fois avec ferveur au milieu du cortège. « On a dépassé l’urgence. Je suis très contente que ce mouvement populaire en faveur du climat existe, s’enthousiasme-t-elle. Il y a une pression grandissante de la rue ! C’est génial que les jeunes impulsent le mouvement du changement, maintenant il faut que les institutions prennent le relais. D’où l’importance d’aller voter. »
Même son de cloche du côté de Léa, vice-présidente de l’association des Jeunes Européens : « Le changement viendra du changement de représentation politique. » Non loin dans le cortège des candidats en campagne, l’association apartisane a tenu à participer à la marche afin d’appeler les jeunes à allers aux urnes. « L’Union européenne est l’échelon parfait pour faire émerger les enjeux écologiques. Or le Parlement européen est dominé par la droite depuis plus de quinze ans, déplore la jeune femme. Il est temps de changer cela. Il faut mettre l’urgence écologique au cœur des politiques européennes. »
« Et 1 et 2 et 3 degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! » scandent sans relâche les jeunes mobilisés. D’autres slogans, plus politisés, se font aussi entendre. « Le kérosène, c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les idées de Macron ! » chantent les uns ; « Écologie libérale, mensonge du capital ! » martèlent inlassablement les autres. Alors qu’il passe devant une agence de la Société générale, près de la porte Saint-Denis, le cortège entame une huée générale. « Si le climat était une banque, vous l’auriez sauvé depuis longtemps », accusent les manifestants. Une marche résolument plus « anti-anti-productiviste ! Anti-anti-capitaliste ! » que la précédente.
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