Monsanto n’est pas le seul fabriquant du glyphosate
Si de lourdes condamnations touchent Monsanto pour le Roundup, de nombreux autres produits contenant du glyphosate sont commercialisés par d’autres entreprises.
La manifestation ciblée contre Monsanto-Bayer du 17 mai pourrait faire oublier que le glyphosate n’est pas produit et distribué exclusivement par ce nouveau et récent géant de l’agrochimie. Le conglomérat Monsanto-Bayer n’est en effet pas la seule entreprise recourant à ce produit tombé dans le domaine public en l’an 2000. L’offensive qui a entraîné la condamnation à 2 milliards de dollars de dommages-intérêts au bénéfice d’un couple californien atteint de cancer après avoir épandu du Roundup pendant plusieurs dizaines d’années masque une autre réalité inquiétante : actuellement, de trop nombreux produits phytosanitaires contenant du glyphosate restent autorisés à la vente et à l’usage, pour les jardiniers amateurs comme pour les agriculteurs. Tout simplement parce que ce produit n’est plus protégé depuis l’année 2000 par un brever.
L’Agence nationale de sécurité alimentaires (Anses) n’a pas renouvelé en 2018 l’autorisation de mise sur le marché d’une centaine de substances contenant des doses plus ou moins importantes de glyphosate. Leurs utilisateurs n’ont officiellement plus qu’un mois pour écouler leurs stocks de produits qui sont interdits à la vente depuis le 15 mars. Mais les producteurs craignent encore qu’au cours des années à venir de nombreux malades se manifestent. Comme aux États-Unis, où des milliers de plaintes sont à l’instruction devant des juridictions régionales ou fédérales.
Produits de substitution
L’Anses elle-même craint une avalanche de procès contre les industriels de l’agro-business et les fonctionnaires et experts ayant trop longtemps laissé vendre et utiliser des produits dénoncés par les chercheurs indépendants comme nocifs ou potentiellement cancérigènes. Cet organisme officiel avait déjà proscrit, au cours de l’été 2016, 130 préparations phytosanitaires contenant du glyphosate, en s’appuyant notamment sur un rapport de l’Inra, expliquant que dans plus de 90 % des cas il existait des possibilités de substitution avec des produits non dangereux pour les utilisateurs, la faune et les consommateurs.
Restent malgré tout au moins trois problèmes. D’abord, les stocks qui seront écoulés en douce pendant des années, par les agriculteurs comme par les jardiniers. Ensuite, non seulement différentes formulations du Roundup sont encore autorisées pendant deux ans mais l’Anses, sous la pression d’un grand syndicat agricole, soumet encore au processus d’homologation environ 70 produits contenant du glyphosate, pouvant aboutir à une autorisation de mise sur le marché en 2020.
Tout laisse donc penser qu’à l’orée de l’année 2021, de nombreuses exploitations agricoles seront encore traitées avec des préparations contenant du glyphosate, de nombreuses sociétés reconvertissant les herbicides désormais interdits dans les villes et les jardins amateurs en herbicides destinés aux grandes cultures.
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