Éducation : profs et lycéens pour « bloquer Blanquer »
Le projet de loi sur l’« école de la confiance » continue de mobiliser contre lui.
dans l’hebdo N° 1557 Acheter ce numéro
Ça n’est pas tant l’initiative de la dernière chance qu’une nouvelle étape dans une action de vigilance d’ampleur. Le 13 juin est parue dans Libération une tribune signée par des intellectuels et des artistes qui déclarent : « L’école est une chose trop grave pour la laisser au seul ministre de l’Éducation nationale. Elle est un bien commun. » Le jour même, date de l’examen en commission mixte paritaire du projet de loi sur l’« école de la confiance », s’est tenue à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) une conférence de presse réunissant une bonne partie des personnes mobilisées de la maternelle au lycée contre les réformes du ministre de l’Éducation. Celles-ci vont « augmenter les inégalités sociales », « déterminer très tôt l’avenir des enfants », « créer un climat de méfiance, de surveillance et de concurrence » et visent à « économiser sans répondre aux besoins de l’école », analyse Bloquons Blanquer, un site Internet lancé par des enseignants du premier degré en avril et qui a pris une envergure nationale.
La loi sur l’école de la confiance « va dégrader la qualité des enseignements artistiques », prévient aussi le dramaturge Joël Pommerat (Le Monde, 11 mai). La réforme du lycée fait exploser les filières et soumet les élèves de seconde à des choix d’orientation précoces, conditionnés par les spécialités disponibles dans leur établissement en fonction des demandes et de leurs résultats, et non de leurs projets d’avenir. Les lycées professionnels voient leur tronc commun (français, maths, histoire-géo…) fortement réduit. Les élèves de maternelle sont la proie d’évaluations qui évaluent l’évaluable… et non plus ce qui a été enseigné. « Et les circulaires de rentrée reçues mettent déjà en place ces réformes, alors que la loi n’a pas encore été définitivement votée », signale Louise, professeure des écoles à Paris.
Le 21 mai, un appel des profs a été lancé aux « citoyens encore debout ». Et un appel unitaire à la grève le 17 juin, jour des premières épreuves du bac, circule pour une semaine de mobilisations sur le thème « la faute à Blanquer ». « Qu’on ne nous fasse pas le coup des profs gauchistes qui prennent leurs élèves en otage, prévient Louise. Le ministre nous a acculés. Il nous réduit au silence. C’est pour nos élèves que nous nous battons. »
Ces épreuves, si elles étaient annulées, nous pourrions les repasser. En revanche, cette occasion de bloquer Blanquer, jamais nous ne retrouverons une telle opportunité.
Les lycéens de deux syndicats soutiennent la grève du bac, dont ceux de l’UNL, dans une lettre « À nos profs » où ils disent « partager le même désespoir » et la « même colère » :