Face au G7 : résistances et alternatives

Des militants d’ONG et de syndicats appellent à se mobiliser dans le cadre d’un contre-G7 au moment où les chefs d’État des sept premières puissances mondiales se rassembleront fin août à Biarritz.

Collectif  • 19 juillet 2019
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Face au G7 : résistances et alternatives
© Crédit photo :IAN LANGSDON / POOL / POOL / AFP

Il est loin, le temps où les pays les plus riches, G7 ou G8, pouvaient dicter la marche du monde. Alors à quoi sert cette grande rencontre de sept chefs des États parmi les plus riches, qu’Emmanuel Macron s’apprête à accueillir du 24 au 26 août à Biarritz ? Pourquoi tenir ce G7, qui semble relever d’un autre temps, à l’heure du bilatéralisme triomphant ? Derrière son charme suranné, le G7 est une arme de séduction massive pour imposer idéologiquement un capitalisme de plus en plus brutal.

C’est d’abord une grande vitrine du capitalisme financier. Nul doute que sera mise en scène la confrontation entre deux versions de ce capitalisme. La première, celle de Mme Merkel, M. Trudeau ou M.Macron, sera présentée comme vertueuse, ouverte sur le monde, louant les vertus de la mondialisation néolibérale. La seconde, celle de M. Trump ou M. Salvini, sera, du moins en France, présentée comme protectionniste, populiste, xénophobe et impérialiste. Les premiers seront présentés comme les remparts contre les seconds. Et on passera sous silence le fait que les premiers ont nourri l’ascension des seconds et que tous s’accordent sur l’essentiel : perpétuer un système au service des plus riches et des multinationales, se nourrissant de l’exploitation du travail et du vivant.

De grands engagements seront pris, comme lors de tous les G5, G6, G7 ou G8 depuis 1975 : mettre fin à la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire ou encore réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Autant d’engagements pour laisser penser que le système actuel doit nous rendre plein d’espoirs. Autant d’engagements qui n’ont jamais été atteints, bien au contraire. Ainsi, selon la Banque mondiale, plus de 700 millions de personnes, soit 10% de la population mondiale, vivent avec moins de 1,9 dollar par jour. Et ce nombre repart à la hausse dans de grandes régions du monde, tandis que les personnes qui souffrent de la faim sont de plus en plus nombreuses. Les inégalités augmentent dans presque tous les pays depuis une quarantaine d’années, dont les pays du G7 (1). Les émissions de gaz à effet de serre repartent à la hausse dans le monde, notamment dans des pays du G7, quand il faudrait les réduire drastiquement pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C. Pauvreté et changement climatique poussent alors des millions de personnes à tenter de migrer vers les pays dits riches, pour se fracasser contre les murs érigés et voir leurs droits piétinés.

Malgré l’échec désastreux de ces politiques, le G7 n’a aucun problème cette année pour brandir un nouvel objectif : la lutte contre les inégalités. La présidence française promet ni plus ni moins que le G7 va « rendre le capitalisme plus juste », aller « vers la réduction des inégalités et la justice fiscale » et même « mettre fin à l’évasion fiscale ». C’est pourtant tout l’inverse de la politique menée par E. Macron, qui a mené une exceptionnelle redistribution fiscale vers les ultra-riches. Un président qui pense qu’« on met un pognon de dingue dans les minimas sociaux » et qui s’attelle à affaiblir méthodiquement la protection sociale, les services publics et le droit du travail.

Ce système de plus en plus injuste et destructeur du vivant ne peut être poursuivi qu’en faisant taire les voix qui s’élèvent contre lui. Raison pour laquelle les chefs d’État du G7 associent au capitalisme financier des politiques de répression de plus en plus brutales et autoritaires, qui se sont traduites en France par des violences policières contre les Gilets jaunes poussant les Nations unies à demander une enquête approfondie. Face aux sept chefs d’Etat réunis au G7 et à la suite des contre-sommets qui ont forgé le mouvement altermondialiste, de nombreuses associations, syndicats et citoyen·ne·s ont décidé de ne pas se taire. Ils veulent éteindre l’incendie de la planète perpétré par ces politiques, dissimulé par un écran de fumée de beaux discours. Ils ont décidé de défendre un autre monde, plus juste et désirable et d’exiger une coopération multilatérale entre pays, fondée sur la solidarité entre les peuples et une réponse à l’urgence écologique. Ils se mobiliseront contre le G7, de façon pacifique mais déterminée.

Ce contre-G7 se tiendra du 19 au 26 août à Hendaye, ville avec laquelle un long dialogue a été instauré pour que tout se passe au mieux. Mais plusieurs décisions du gouvernement laissent penser que celui-ci s’apprête à nourrir les tensions. Ainsi, à quelques centaines de mètres des lieux du contre-sommet, le Centre de rétention administrative (CRA) d’Hendaye, symbole de la répression de l’Etat français contre les migrants, qui devrait être fermé tout l’été sera en fait transformé en centre de détention pour les personnes arrêtées dans le cadre du G7. Nous dénonçons un piège tendu par l’Etat, qui risque de transformer Hendaye en point de fixation, bien loin de l’ambiance feutrée qui règnera lors des réceptions du G7 à l’hôtel du Palais à Biarritz. Le CRA doit être fermé, comme c’était initialement prévu. Si tel n’était pas le cas, le gouvernement porterait la responsabilité de ce qui apparaîtra nécessairement comme une provocation vis-à-vis des participant.es qui seront là pour montrer que des alternatives existent face aux représentant.es des pays les plus riches.

Signataires :

Jérémie Chomette, directeur général, France libertés – Fondation Danielle-Mitterrand

Bernard Dreano, pour IPAM (Initiatives pour un autre monde)

Olivier Dubuquoy, fondateur de ZEA

Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France

Nicolas Galepides, secrétaire général, SUD PTT

Nicolas Girod, porte-parole, Confédération paysanne

Murielle Guilbert, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires

Kévin Jean, président de l’association Sciences citoyennes.

Jean-Louis Marolleau, secrétaire exécutif, Réseau Foi et justice Afrique Europe

Roland Nivet et Édith Boulanger co-porte-paroles du Mouvement de la paix

Marie Pochon, coordinatrice générale de Notre affaire à tous

Aurélie Trouvé, porte-parole, Attac France

Le collectif « Enseignant.e.s pour la planète »

Le collectif « Unis pour le climat »

Bizi

EH Bai

Ensemble Pays Basque

Fi Bayonne Gorriak Insoumis

Lurralde Askea

Solidaires Pays basque

Sortu


(1) D’après le rapport d’un groupe international de chercheurs, World Wealth and Income Database

Publié dans
Tribunes

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