Perquisitions : Mélenchon à quitte ou double
Jean-Luc Mélenchon et quatre de ses proches répondent, ces 19 et 20 septembre devant les juges de Bobigny, d’actes d’intimidation envers l’autorité judiciaire, rébellion et provocation.
dans l’hebdo N° 1569 Acheter ce numéro
Finir la séquence aussi fort qu’elle a commencé. Près d’un an après l’épisode – désastreux pour son image – des perquisitions chez lui et au siège de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et quatre de ses proches répondent, ces 19 et 20 septembre devant les juges de Bobigny, d’actes d’intimidation envers l’autorité judiciaire, rébellion et provocation. Accusations lourdes pour des perquisitions qui l’avaient fait, le 16 octobre 2018, exploser de colère devant les caméras. De retour d’un voyage de deux mois en Amérique latine, où il a notamment rencontré le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, et l’ex-président brésilien prisonnier, Lula, Jean-Luc Mélenchon surenchérit dans l’attaque. Dans un livre Et ainsi de suite, un procès politique en France (Plon), qui sort le jour du procès, il critique vertement les policiers qualifiés d’« assaillants » et pointe leur amateurisme.
La ligne de défense adoptée par l’insoumis est frontale : c’est un procès politique. « Ils [le gouvernement] nous convoquent à un procès politique spectaculaire pour que nous soyons condamnés », a-t-il expliqué au JDD. Et d’estimer que la procédure qui le frappe relève du « lawfare », soit « la destruction des adversaires politiques par la judiciarisation de la politique ». Pour appuyer sa défense, Jean-Luc Mélenchon n’est pas à un paradoxe près : dans une conférence de presse le 12 septembre, il défendait même le président LREM de l’Assemblée nationale – « Peut-être que Richard Ferrand est tombé dans un piège » –, mis en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. « Le procès des Fillon aura lieu du 24 février au 11 mars 2020. C’est-à-dire les deux dernières semaines de la campagne municipale ! Autant interdire à la droite de se présenter. Cette influence de la justice sur les élections et la démocratie est inquiétante. STOP ! », twittait le même jour Raquel Garrido. « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis », semble-t-on dire à La France insoumise, peu importe leur couleur politique.
Sur le plan juridique, les peines encourues sont théoriquement importantes, jusqu’à 150 000 euros d’amende et dix ans d’emprisonnement. Mais sur le plan politique également : « Il y a un danger réel […] de s’enfoncer dans le rôle du vieux politique qui refuse la justice et demande l’impunité », analysait un professeur de communication politique dans La Croix… Et le danger d’agacer les juges : si le député peut à bon droit mettre en cause la dépendance du parquet vis-à-vis du pouvoir macronien, révélée à de nombreuses reprises, notamment autour de l’affaire Benalla, les juges devant qui il comparaît sont, eux, indépendants. Pour LFI, c’est quitte ou double.