Les JO menacés par la radioactivité non maitrisée de Fukushima
Des millions de tonnes d’eau contaminée stockée sur le site de la centrale accidentée.
Plus d’un million de tonnes d’eau est toujours stockée sur le site sinistré de la centrale japonaise de Fukushima et nul ne sait quoi en faire alors que les ouvriers et techniciens qui s’affairent autour pour tenter de la filtrer et de l’empêcher de s’écouler vers la mer qui est toujours fortement contaminée sur des kilomètres. Malgré le mur souterrain de glace qui ne réussit que bien imparfaitement à limiter les infiltrations. Qu’il s’agisse des eaux sortant du refroidissement toujours en cours des deux réacteurs détruits ou des eaux de pluies qui dévalent régulièrement des montagnes et « lessivent » le site contaminée.
Capteurs en panne….
Une contamination qui ne diminue pas et dont témoignent les vêtements et les masques de protection portés par les milliers de travailleurs auxquels nul ne détaille les dangers encourus. D’autant plus que dès qu’un visiteur s’interroge sur les taux de radiations affichés sur l’un des analyseurs automatiques lumineux de radioactivité dispersés sur le site, les responsables expliquent « qu’ils ne sont pas en fonctionnement à la suite d’une panne qui sera vite réparée ». Mais les dosimètres individuels qu’amènent certains naïfs visiteurs sont confisqués dés leur passage dans la salle de briefing dans laquelle sont distribués de dérisoires masques de protection en papier. Une séance au cours de laquelle un responsable explique que l’entreprise va construire de nouveaux réservoirs d’un millier de tonnes qui devraient être pleins au cours de l’année 2022. Après ? On verra, faites-nous confiance….
L’une des solutions avancées par les techniciens de Tepco et ceux de l’Agence internationale de l’énergie atomique serait de relâcher ces eaux sous une forme diluée dans la mer. Mais, le problème est que ces eaux polluées sont encore très lourdement chargées en éléments très radioactifs qui aggraveront l’état de la chaine alimentaire, mettant en danger la vie de millions de Japonais. De plus, les responsables de l’entreprise ont expliqué que la plupart des solutions envisagées seraient trop couteuses pour leur société.
Les Jeux olympiques en cause
Le gouvernement du Japon, fait de gros efforts pour masquer cette situation car les Jeux olympiques vont se dérouler dans moins d’un an dans le pays ; et parce que de nombreux participants ainsi qu’une trentaine de comités nationaux au moins ont déjà fait part de leurs inquiétudes qui pourraient se traduire par des refus de participer déguisés sous des explications diplomatiques. Alors que le Premier ministre, Shinzo Abe, un pro-nucléaire décomplexé a affirmé récemment au Comité international olympique que « la situation est sous contrôle », sans donner plus de précision. Mais l’un de ses collaborateurs a gaffé en assurant que toute l’alimentation proposée aux participants, les sportifs comme les touristes, serait rigoureusement vérifiée. Ce qui évidemment ne rassure personne dans un pays où les dégâts radioactifs sont minorés ou simplement niés.
La terre contaminée balayée par un typhon
Le récent typhon qui a balayé le pays n’a pas affecté directement la centrale mais par contre les centaines milliers de tonnes de terres contaminées qui sont entreposés dans la région de Fukushima sous de simples bâches, sans surveillance parce que nul de sait quoi en faire, ont souvent été balayés par la tempête et les inondations. Une partie est directement partie vers la mer ou s’est retrouvée dans les villages qui avaient été « décontaminés ». Affirmation des officiels qui n’a pas convaincu plus de 10 % de leurs anciens habitants qui, eux non plus, ne croient plus les assurances des pro-nucléaires qui ne veulent plus les considérer comme des « réfugiés »….
Malgré les assurances gouvernementales, il n’est pas le moins du monde certain que les visiteurs des Jeux olympiques seront épargnés par les pollutions radioactives. Mais, au moins, ils ne resteront pas longtemps alors que les Japonais, eux, n’ont aucune autre solution que de vivre sous cette menace que la Tepco ne parvient à juguler.
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