Accords et décors

La première image est celle d’un rideau blanc. Puis la caméra nous fait découvrir le décor d’une chambre à coucher. Un homme en costume feuillette un livre sur la table de nuit. Un autre referme une mallette et se saisit d’un revolver qu’il place à côté du corps gisant d’un homme noir. La musique, extraite du nouvel album du musicien londonien Michael Kiwanuka, accompagne le plan de sa guitare sèche et de sa voix envoûtante. Réalisé par le duo CC Wade, le clip de « Hero » raconte l’histoire des mouvements du Black Power et leur traque par le FBI. On y voit divers personnages : des activistes, des politiques, des informateurs. On y passe d’un décor à un autre : bureaux de l’administration américaine, rues des quartiers noirs, soirées où se réunissent hippies et militants.

Ce clip est une réussite non -seulement parce qu’il conte avec délicatesse une histoire tragique mais aussi parce qu’il met en images avec force la musique de Kiwanuka. Composé de deux parties, une introduction acoustique et un morceau de blues hendrixien, « Hero » est en lui-même un récit. À l’écoute, déjà, les changements d’ambiance, les personnages et les décors sont là.

À l’instar de « Hero », nombreux sont les morceaux de l’excellent troisième album de Michael Kiwanuka qui possèdent cette précision narrative. Composés de couches qui viennent complexifier leur récit, ils exposent les instruments comme autant de personnages aux voix multiples. Dès les premiers instants, avec « You Ain’t The Problem », le ton est donné. Des percussions, une ligne de basse, une batterie et des arrangements de chœurs sixties qui dialoguent avec la superbe voix du chanteur. L’album est un agrégat cohérent d’histoires passionnantes. Un cinéma mental dans lequel l’auditeur plonge avec délectation.

Kiwanuka,Michael Kiwanuka, Polydor.En concert le 23 novembre salle Pleyel, Paris VIII^e.