Des nouvelles de Franz-Olivier Déontologiesbert

En 2015, l’éditocrate Franz-Olivier Giesbert (also known as FOG), qui a fait toute sa (très) longue (et souple) carrière dans des rédactions gavées d’aides publiques à la presse et des chaînes de télévision étatiques, forme – puis mène à son terme – le projet, extraordinairement audacieux, d’« écrire », pour l’hebdomadaire Le Point, « un article sympa sur Bernard Tapie ».

Deux années plus tard, en 2017, le tout nouveau propriétaire du quotidien marseillais La Provence, qui se trouve être, première coïncidence amusante, ce même Bernard Tapie sur qui FOG a donc écrit en 2015 « un article sympa », confie la direction éditoriale de cette vénérable publication à un irréprochable professionnel – qui se trouve quant à lui être, deuxième coïncidence amusante, le même FOG, qui a donc écrit cet « article sympa » sur lui deux ans plus tôt (1) : le monde est petit.

Puis, l’été dernier (2), FOG (3) écrit un éditorial publié par La Provence le 13 juillet – et qu’il est permis de considérer comme un article sympa sur Martine Vassal, présidente (Les Républicains) du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et alors probable candidate à la mairie de Marseille, puisqu’il narre notamment qu’elle « réussit tout ce qu’elle touche », qu’« elle a tout pour elle, la compétence, l’aura, l’expérience », puis encore qu’elle « a du cran, du caractère » et « maîtrise les dossiers compliqués ».

Sans doute parce que la place lui manque, FOG néglige alors de préciser dans cette ode qu’en 2018 le département des Bouches-du-Rhône, que préside donc la même Martine Vassal dont il célèbre là les louanges, a versé plus d’1 million d’euros à La Provence.

Fort heureusement, la semaine dernière, Mediapart a réparé cet oubli dans un passionnant article (4) dont l’auteur, Laurent Mauduit, précise aussi qu’en 2019 le même journal a de nouveau reçu 326 925 euros « seulement » de la même collectivité départementale.

Mais, curieusement, FOG, plutôt que de se réjouir de la publication d’une enquête informée, a confectionné, pour toute réponse, un tweet haineux dans lequel il insulte Laurent Mauduit – en le traitant de « bouffon ».

C’est un peu dommage, et j’escompte quant à moi (et ne doute pas) qu’il va se calmer et nous dire un peu vite si vraiment son journal est gavé d’euros par le département dont il ovationne la présidente.

Puis, surtout, j’espère qu’il continuera longtemps à lancer dans ses éditoriaux, comme il le fait régulièrement, des leçons de maintien journalistique et des exhortations hallucinées à « réduire drastiquement les dépenses publiques » – car c’est un genre dans lequel, assurément, il excelle.

(1) J’insiste un peu parce que la rotondité de l’épisode me ravit positivement.

(2) 2019, donc : ça serait quand même bien que tu suives.

(3) Renonçant pour un court temps au vocabulaire, trempé de fiel, dont il use ordinairement lorsqu’il fustige, par exemple, les « islamo-gauchistes » ou les syndicalistes de la CGT.

(4) « Marseille : La Provence a passé un pacte avec la candidate LR à la mairie », 21 novembre.