Christian Reynaud, 52 ans, éleveur de brebis
« Je gagne en moyenne 500 euros par mois. Il faut avoir le métier chevillé au corps. »
dans l’hebdo N° 1580 Acheter ce numéro
J’ai repris la ferme familiale en 1993 », clame fièrement Christian Reynaud, du fond de sa petite exploitation des Hautes-Alpes, à Méreuil. Pendant plusieurs années, Christian a cumulé l’élevage de ses brebis avec un emploi alimentaire. « J’entretenais les réseaux d’aspersion qui arrosent les champs, pas très loin de chez moi. » Un pécule mensuel de 900 euros, que Christian a dû abandonner en 2013 à la suite d’un changement de propriétaire. Depuis, il s’occupe à temps plein de son élevage. « J’ai fait monter mon élevage de 160 à 240 animaux. Je me suis un peu agrandi. J’ai 140 hectares : 100 en prairies de montagne, réservées aux brebis, 12 pour le foin et environ 28 pour faire pousser des céréales. » Son objectif : être le plus autonome possible pour limiter les dépenses.
« Je vends mes brebis à la coopérative locale, je gagne en moyenne 500 euros par mois. Il faut avoir le métier chevillé au corps », admet Christian. Ce militant du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) vit seul avec son père, retraité. « Il est parti en préretraite à 55 ans, puis à la retraite à 60. Il a commencé à travailler à 16 ans et il touche 998 euros. Moi, je n’aurai pas autant : à l’époque, il cotisait sur la surface ; aujourd’hui, c’est sur le revenu… » Pour en savoir plus, Christian a contacté sa caisse, la MSA : « Ils m’ont dit : “Vous êtes trop jeune, revenez plus tard !” Je n’ai aucune visibilité sur ce que je vais toucher, s’agace-t-il. Je ne suis pas contre une réforme mais, avec le système à points, on n’a aucune garantie sur la valeur du point. Nous, agriculteurs, on a droit à deux hectares de “subsistance” pour faire pousser quelques fruits et légumes, mais bon, c’est physique. Je suis inquiet ! » Le 5, Christian défilera dans les rues de Gap.