Méliès à Montreuil : Cinélutte
Un documentaire retrace la bataille des salariés du Méliès à Montreuil.
dans l’hebdo N° 1580 Acheter ce numéro
En 2013, des accusations graves ont été portées à l’encontre des salariés du cinéma municipal Le Méliès, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Ils auraient eu recours à une double comptabilité pour alimenter une « caisse noire » destinée notamment à l’achat de drogue, dont certains cinéastes invités auraient profité.
L’affaire fit grand bruit car celle qui en était à l’origine n’était autre que Dominique Voynet, maire de la ville, mais aussi ancienne ministre et ex-cheffe des Verts. On était entré dans l’année pré-électorale des municipales de 2014, ce qui n’était pas étranger à la propagation de ce qui s’est révélé être des élucubrations -mortifères, les enquêtes judiciaires s’étant toutes conclues par des non-lieux.
Des années après (à la veille de nouvelles élections municipales), un film tourné de l’intérieur de l’équipe du Méliès sort sur les écrans. Que peut apporter, aujourd’hui, Ceux qui nous restent, d’Abraham Cohen ?
Le film montre que cette bataille n’était pas celle d’une seule personne. On disait alors que Voynet voulait la peau du directeur artistique du cinéma, Stéphane Goudet. Outre que d’autres salariés sont concernés, comme lui, par une mise à pied, tout le personnel du Méliès est non seulement mobilisé et solidaire, mais aussi meurtri. La longue grève entreprise est une épreuve à laquelle tous prennent part.
Malgré ses défauts techniques et un montage parfois aléatoire, le film montre bien qu’on ne sort jamais indemne d’une telle lutte, même victorieuse. Malgré les moments de chaleur, les marques de soutien, on y laisse de soi, de sa santé. Par ailleurs, quelqu’un souligne qu’au conseil municipal, où l’on s’est déchiré pendant cette affaire, tous les groupes politiques représentés étaient de gauche. À la violence contre un lieu de culture et ses salariés s’est ajoutée l’absurdité.
Ceux qui nous restent, Abraham Cohen, 1 h 59.