Pauline Ferrari, 24 ans, journaliste pigiste
« Personne ne nous encourage. Ça n’est pas ce que j’imaginais du métier. »
dans l’hebdo N° 1580 Acheter ce numéro
J’ai grandi dans un village près de Toulouse. Mes parents n’ont pas fait beaucoup d’études, alors que moi, si. » Sciences Po, master de journalisme, puis Pauline Ferrari monte à Paris pour entrer dans la vie active avec un stage de six mois dans la production audiovisuelle, payé 550 euros. « J’ai mis trois mois pour trouver un appartement : personne ne voulait de mon dossier. J’ai fini par emménager dans un studio insalubre pour 650 euros. Mes parents m’aidaient un peu. »
Une fois le stage terminé, Pauline galère et se met en quête d’un travail alimentaire. « J’ai le Bafa, alors j’ai postulé pour faire de l’animation dans une école élémentaire ZEP. » 900 euros net pour 26 heures par semaine, ça paye le loyer, mais ça laisse peu de temps pour construire son projet professionnel. « Je suis spécialisée en “tech”. J’ai fait ma première pige pour Numérama en mai dernier et, en août, j’ai placé un article dans lemonde.fr, puis j’ai fait une série de piges pour Kombini. J’envoie des dizaines de propositions, c’est beaucoup de travail. » Pauline s’épuise. Au bord du burn-out, elle envisage de quitter son travail alimentaire en avril pour prendre le temps de se lancer dans le journalisme. « Avec les réformes, je me suis rendu compte que j’allais toucher une misère : je ne peux pas quitter ce travail. »
Pour de nombreux travailleurs précaires, la réforme de l’assurance chômage est synonyme de chute du montant des indemnités. « Je pensais naïvement que Pôle emploi était là pour nous aider, mais en fait personne ne nous encourage. Ça n’est pas ce que j’imaginais du métier. » Alors, à l’appel de différents collectifs et syndicats de pigistes, Pauline sera dans la rue le 5 et le 7. Retraites, assurance chômage, précarisation de l’emploi… « Dans mes deux boulots, je suis en grève ! »