Le monde vu des docs
Toujours aussi éclectique, le Fipadoc, à Biarritz, reçoit cette année la réalisatrice Carmen Castillo.
dans l’hebdo N° 1587 Acheter ce numéro
C’est le président de la République qui vous parle, depuis le palais de la Moneda. C’est peut-être ma dernière possibilité de m’adresser à vous. Là, les avions passent… Il est possible qu’ils nous bombardent. Je ne démissionnerai pas. En cet instant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. » Tels sont les ultimes mots officiels de -Salvador Allende, juste avant que le palais présidentiel ne soit, en effet, bombardé par l’armée chilienne, le 11 septembre 1973. Le putsch d’Augusto Pinochet s’ouvre dans un bain de sang qui augure de la suite. Déjà la presse annonce que « la junte militaire contrôle le pays. Allende est mort ».
À plusieurs milliers de kilomètres, dans l’Hexagone, le journal télévisé préfère encore utiliser le conditionnel. À Santiago, l’ambassade de France accueille une foule militante, majoritairement de gauche. C’est le moment où, commente Carmen Castillo, « le coup d’État au Chili a rejoint l’histoire de France ».
Les putschistes ont coupé toutes les communications ; les jours qui suivent, l’ambassade de France est livrée à elle-même, sans instructions, tandis que Pompidou ne ménage pas les responsabilités d’Allende dans ce coup d’État. Pas de droit d’asile, sinon pour « des Chiliens en danger de mort immédiat ». La formule est assez vague mais suffisante aux yeux de Pierre de Menthon, ambassadeur de France, pour accueillir jusqu’à 600 personnes entre septembre et décembre.
Témoignages et images d’archives constituent la matière de ce documentaire, Chili 1973, une ambassade face au coup d’État (1), le nouveau film de Carmen Castillo, réalisatrice majeure, elle-même chilienne réfugiée en France. Aujourd’hui invitée d’honneur du festival du documentaire à Biarritz, le Fipadoc, qui programme cinq de ses films. Un festival ouvert au public dans différentes salles.
Cette année encore, c’est un bon cru, au regard de la sélection orchestrée par Anne Georget et Christine Camdessus, dont la tonalité se veut féminine. Sont ainsi attendus Honeyland, de Ljubomir Stefanov et Tamara Kotevska, autour de la dernière apicultrice exerçant en Macédoine ; Queen Lear, de Pelin Esmer, sur une troupe de théâtre ambulant composée de paysannes turques ; Danser sa peine, de Valérie Müller, consacré au travail d’Angelin Preljocaj auprès de femmes détenues aux Baumettes ; ou encore Les Belles Dames, de Marion Lippmann et Sébastien Daguerressar, galerie de portraits saisis dans une résidence parisienne pour personne âgées.
(1) Diffusé dimanche 26 janvier, à 22 h 35, sur France 5 (52’).
Fipadoc, à Biarritz, jusqu’au 26 janvier.
Renseignements et programmes sur www.fipadoc.com