Les Cahiers du cinéma : Enjeux critiques
Le nouvel actionnariat des Cahiers du cinéma est-il compatible avec une indépendance éditoriale ?
dans l’hebdo N° 1591 Acheter ce numéro
Les prestigieux Cahiers du cinéma sont la propriété depuis le 3 février d’un groupe autodénommé Les Amis des Cahiers, qui compte des hommes d’affaires – Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic), Alain Weill (SFR), le banquier balladurien Grégoire Chertok, élu LR au Conseil de Paris – et des producteurs, dont Toufik Ayadi et Christophe Barral (Les Misérables), Pascal Caucheteux (Roubaix, une lumière), Frédéric Jouve et Marie Lecoq (Une fille facile), Reginald de Guillebon (Les Hirondelles de Kaboul).
En outre, si le nouveau gérant et directeur de la publication, également coactionnaire, Éric Lenoir, vient d’un horizon extérieur au cinéma, la directrice générale de ces Cahiers new-look, Julie Lethiphu, occupait précédemment le poste de déléguée générale de la Société des réalisateurs de films (SRF). Des données amplement suffisantes pour interroger ce qu’il en sera de la future indépendance de la rédaction. D’autant que la volonté des repreneurs de replacer les Cahiers au centre de la « communauté du cinéma d’auteur français » s’est vue relayée par certains articles de presse.
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’actuelle rédaction témoigne publiquement des dangers qu’elle voit se profiler : « La rédaction des Cahiers du cinéma exprime ses plus vives inquiétudes après le rachat du titre par un groupe de producteurs de cinéma et d’hommes d’affaires proches du pouvoir […]_. Depuis l’acquisition des_ Cahiers du cinéma par Richard Schlagman en 2009, la rédaction jouit d’une liberté éditoriale qui se trouve désormais gravement remise en cause par la composition même de l’actionnariat, et le risque qu’elle porte en termes de conflits d’intérêts, de pressions politiques et de collusions. » Les Cahiers sans cette indépendance éditoriale ne seraient plus, en effet, Les Cahiers.
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