Coronavirus : La grande précarité des hôpitaux
Près de 200 personnes sont atteintes dans l’Hexagone, trois sont décédées. Le système sanitaire saura-t-il faire face à l’épidémie annoncée ?
dans l’hebdo N° 1593 Acheter ce numéro
Près de 200 personnes sont atteintes dans l’Hexagone, trois sont décédées. Dès la semaine dernière, 70 hôpitaux ont été « activés » pour faire face à l’épidémie de coronavirus Covid-19. Les urgences se remplissent déjà de vagues de malades que l’angoisse de la contamination pousse à se présenter pour se faire tester, alors que les hôpitaux souffrent d’un manque chronique de moyens et de personnels. À Paris, « Bichat et la Pitié sont débordés et nous demandent de l’aide alors qu’il n’y a à ce jour pas ou peu de patients hospitalisés, explique au Monde Matthieu Lafaurie, infectiologue de l’hôpital Saint-Louis. Comment allons-nous faire quand au cœur de la pandémie nous aurons beaucoup plus de personnes à hospitaliser, avec pas assez de personnel de façon chronique ? C’est un bazar incroyable pour un nombre de cas recensés encore faible. » Dans deux hôpitaux de l’Oise – foyer du virus –, des services entiers, dont la réanimation, ont été fermés pour cause de mise en quatorzaine des personnels soignants. Les patients ont été transférés. Même les masques manquent alors que le stade 3, épidémique, n’était pas encore atteint.
Face à la catastrophe annoncée, l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) change son fusil d’épaule en tentant de limiter au maximum le nombre de déplacements des malades vers l’hôpital. Les cas suspects considérés comme non graves sont renvoyés chez eux sans être testés. Martin Hirsch, directeur général, a même annoncé la mise en place d’une application mobile – quid des personnes non connectées ? – pour « permettre à chacun d’avoir des informations et d’éventuellement se signaler », sans submerger les centres d’appel, ni avoir à se déplacer dans les services hospitaliers, ainsi « protégés » de l’épidémie et de ses effets. Olivier Véran, ministre de la Santé, annonce le déblocage de 260 millions d’euros pour les hôpitaux… publics et privés. Largement insuffisant pour guérir l’hôpital public de son mal.
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