La recherche menace de démissionner de ses tâches administratives
Le monde universitaire poursuit sa mobilisation contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et la précarisation de leur situation.
V iolences sexistes, facs complices », pouvait-on lire sur une pancarte, « Black professor », sur une autre, ce dimanche 8 mars, à Paris, où les universitaires ont battu le pavé, aux côtés des cortèges féministes. Les nombreuses averses n’ont pas découragé les motivations et les revendications multiples, pour la journée internationale des droits des femmes. La colère qui gronde dans les universités depuis quelques semaines a rejoint la dynamique féministe. Elle fait écho à la journée du 5 mars, baptisée « les universités et les labos s’arrêtent », qui a réuni quelques 25 000 manifestant·es issues de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), dans la capitale, et plusieurs dizaines de milliers dans toute la France, selon les organisateurs. « Nous, enseignant·es chercheur·ses à l’université, aujourd’hui 5 mars, nous nous arrêtons », ont scandé les intervenant·es, réunis sur le parvis du campus de Paris-Diderot, rapidement transformé en champ de parapluies. « Le gouvernement a fait passer en force la réforme des retraites. À présent, [la ministre] Frédérique Vidal ose dire que les universitaires et travailleur·es prennent en otage les facs et les labos », a rappelé Clara Biermann, enseignante chercheuse en ethno-musicologie à Paris-8.
« Alors aujourd’hui, on se lève et on se barre »
Les mobilisations universitaires s’inscrivent depuis quelques semaines dans les luttes contre la réforme des retraites, contre la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), contre les inégalités de genre à l’université et les violences sexistes, mais aussi les violences policières, et plus récemment contre le 49.3.
Les principales revendications ont été rappelées : un plan d’urgence 2020 pour les universités et les laboratoires, le retrait de la LPPR, l’engagement du gouvernement contre la précarité des étudiant·es (logement, santé, accompagnement social). Ainsi que la titularisation des 130 000 précaires et vacataires de l’enseignement supérieur.
Menaces collectives de démission administrative
Une deuxième coordination nationale a eu lieu à Nanterre le 6 et 7 mars rassemblant 500 travailleur·ses, universitaires, pour poser la question de la reconduction et de l’extension de la grève, afin que le 5 mars ne soit pas le seul jour d’arrêt à l’université, mais une marche vers une lutte prolongée. Un appel collectif a également été lancé pour la démission des tâches administratives des chercheurs et universitaires, si les revendications ne sont pas entendues par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. « Nous sommes fatiguées de nous transformer en leveuses de fonds et en administratrices, de courir après les fonds de financement, que ce temps gâché coûte cher et n’a rien à voir avec nos métiers. C’est pourquoi nous avons décidé de porter la lutte un pas en avant, en entamant un grève administrative », a rappelé Clara Biermann.
Quelques 800 universitaires, directeurs de laboratoires de recherche, du CNRS, enseignant·es, responsables de formations et d’UFR ont en effet choisi de prendre la plume pour rédiger ensemble un texte appelant à remettre leurs démissions. Plus de 300 se sont engagés à le faire collectivement au 31 mars.
Les directeurs et directrices signataires des 744 des laboratoires se sont aussi réunis ce 5 mars pour créer une association, l’Assemblée des directions des laboratoires Adèle, en référence à l’actrice Adèle Haenel, visant à dénoncer les délitements continus dans l’enseignement supérieur et la recherche. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 19 mars.
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