Oxygène médical : les ouvriers de l’usine Luxfer appellent à une réouverture d’urgence !
Jusqu’en mai 2019, l’usine Luxfer de Gerzat fabriquait ces bouteilles d’oxygène médical, dont l’Italie manque cruellement. Face à une pénurie qui pourrait gagner la France, d’anciens salariés demandent sa réouverture.
C’est l’histoire d’une fermeture d’usine comme on en voit trop souvent : une multinationale, propriété de fonds de pensions, qui spécule sur les prix de sa production. Un choix stratégique de fermer une usine bénéficiaire facilité par les ordonnances de 2017. Un gouvernement qui laisse faire malgré des licenciements pour raisons économiques injustifiés selon l’inspection du travail. 138 ouvriers laissés sur le carreau. Un bassin d’emploi touché de plein fouet… Une histoire « banale » d’un système économique à bout de souffle, que la crise du Covid-19 vient de nouveau questionner.
Nationalisation
L’usine Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme), fabriquait, entre autres, 100 000 bouteilles d’oxygène médical par an, à destination des professionnels de la santé qui représentaient 60% de son chiffre d’affaires. Ces bouteilles d’oxygène sont celles utilisées aujourd’hui par les hôpitaux surchargés pour accompagner la respiration des victimes de la pandémie, celles dont l’Italie manque cruellement aujourd’hui. « En France, les hôpitaux ont un système de raccordement sur des grandes cuves : nos bouteilles sont utilisées quand il y a un surplus de malades et que ce raccordement n’est plus possible, quand on les déplace, et dans le cadre d’oxygénothérapie : pour pallier les séquelles pulmonaires, explique Axel Peronczyk, ancien ouvrier de l’usine, délégué syndical CGT. Nous étions la seule usine d’Europe à en fabriquer, l’Italie en manque, en France, nous n’avons aucune information sur l’état des stocks… mais quand on se rendra compte que nous en manquons, il sera déjà trop tard ! Il faut agir vite. »
Après des mois de lutte contre la fermeture de leur usine, les ouvriers occupaient encore les lieux jusqu’au 16 mars, pour protéger leur outil de travail – dont les plus belles machines avaient été acquises par l’État quand l’usine était un fleuron national. À la suite du discours, le 12 mars, du président de la République, qui affirme vouloir « reprendre le contrôle » des biens et services vitaux pour le pays, la CGT demande la nationalisation de cette usine dont les ouvriers sont sur le pied de guerre pour reprendre la production. Après les paroles, le gouvernement est donc prié de passer à l’acte.
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