Pourquoi EELV s’en prend-elle violemment à la gratuité des transports en commun urbains ?
L’Observatoire international de la gratuité défend cette mesure du programme de «Lyon en commun» qualifiée de «fausse bonne idée» par deux candidats EELV.
EELV de Lyon/Métropole attaque violemment le principe même de gratuité des transports en commun urbains qualifié de « mesure électoraliste », de « mesure antisociale », de « mesure antiproductive » donc anti-écolo.
Lire > La gratuité universelle des transports en commun lyonnais : une fausse bonne idée
L’attaque virulente d’EELV Lyon/Métropole contre la gratuité choisit délibérément d’ignorer que le débat existe (ou existait ?) au sein d’EELV sur cette question, que des listes EELV, comme celle de Roubaix, proposent cette gratuité; qu’Éric Piolle, le maire EELV de Grenoble, s’est prononcé, à titre personnel, en faveur de la gratuité universelle des transports en commun urbains; qu’EELV avait participé au Forum national de la gratuité organisé par l’Observatoire International de la Gratuité le samedi 5 janvier 2019 à Lyon. Le site EELV des Yvelines reconnait pourtant que la gratuité des transports en commun à Dunkerque a permis d’augmenter le nombre d’usagers de 65 % _« dont de nombreux automobilistes qui laissent désormais leur voiture au garage », 10 % des utilisateurs ayant même revendu leur deuxième voiture.
Le parti-pris du réalisme comptable
Pour en savoir plus
L'Observatoire international de la gratuité a publié sous la signature de son directeur Paul Ariès, un livre-manifeste : _Gratuité vs capitalisme (Éditions Larousse, 20€).
Pourquoi cet alignement d’EELV Lyon/Métropole sur les pires positions des ennemis de la gratuité ? Ce parti-pris du réalisme comptable est le signe des alliances contre nature mises en place depuis 19 ans au Grand-Lyon puis au sein de la Métropole de Lyon entre EELV, le PS et… LREM ! EELV Lyon/Métropole partage donc le bilan de la majorité sortante, ayant participé à ses exécutifs.
Cette haine de la gratuité serait-elle une façon de camoufler qu’elle partage le bilan de Gérard Collomb ? Ce parti-pris du réalisme comptable est aussi un mauvais signal car il pourrait faire craindre de nouvelles alliances contre nature consistant à faire demain du Collomb sans Collomb… Ce parti-pris du réalisme comptable explique qu’EELV fasse ses choux gras des études financées et réalisées par des adversaires irréductibles de la gratuité, à Lyon comme ailleurs… notamment les lobbies privés et publics responsables de la crise actuelle des transports.
Un discours qui sape la logique de sécurité sociale
EELV-Lyon-Métropole ne recule pas devant le fait de qualifier la gratuité de « mesure antisociale », car la gratuité concernerait aussi bien les riches que les milieux modestes, voire les pauvres… Signe qu’EELV ne sort pas de la logique des tarifs sociaux qui ne va pourtant jamais sans condescendance ni flicage et qui a fait la preuve de son incapacité à changer le système. On imagine mal Jean Jaurès prôner simplement la gratuité de l’école pour les gosses de pauvres. EELV Lyon/Métropole se rend-elle même compte que dire que ceux qui peuvent payer doivent payer, concernant les transports en commun, pourrait tout aussi bien s’appliquer à l’école ou à la santé ?
Nous accusons EELV Lyon/Métropole de développer un discours sapant la logique de la sécurité sociale. Chacun paye au moyen de la fiscalité et bénéficie des services en fonction de ses besoins.
EELV explique doctement que la gratuité va conduire à la saturation de certaines lignes… ce qui est bien la preuve que la gratuité augmente la fréquentation et répond à un besoin… C’est d’ailleurs pour cela que la gratuité n’est pas seulement la suppression de la billetterie, mais une transformation de l’offre donc aussi le choix de nouveaux investissements…
On peut choisir soit d’adapter la demande à l’offre en préservant le principe du système marchand (puisque toutes les études prouvent que les tarifs sociaux restent trop chers pour les pauvres), soit d’adapter l’offre aux besoins légitimes en se donnant les moyens de financer les choix de société. Car ce que ces écologistes libéraux ne comprennent pas c’est que la gratuité, pas plus que le service public, n’est une modalité de gestion des biens communs mais bien une conception différente de la société.
Un outil de transformation urbaine
La gratuité n’est donc pas une mesure électoraliste, comme le prétend méchamment EELV mais un outil de transformation urbaine, en faveur du ralentissement et de lutte contre la gentrification.
Cette gratuité, que nous défendons contre EELV, est une gratuité construite dans tous les domaines, comme celle, d’ailleurs, des routes, des trottoirs et, bien sûr, des pistes cyclables. Cette gratuité, que nous défendons contre EELV, est une mesure sociale dans la mesure où elle distribue du pouvoir d’achat non monétaire. Cette gratuité, que nous défendons contre EELV, est une mesure écologique car elle rompt avec la civilisation de la voiture et avec la satisfaction individuelle des besoins. Cette gratuité, que nous défendons contre EELV, est une mesure politique car l’enjeu est bien de multiplier les îlots de gratuité (eau et énergies élémentaires, services culturels et funéraires, cantines scolaires, activités périscolaires, etc.) avec l’espoir qu’ils deviennent des archipels de gratuité puis de nouveaux continents.
Quoi qu’en dit EELV Lyon/Métropole la gratuité c’est bon pour les usagers, les personnels et la planète. Comment EELV ose-t-elle opposer la gratuité des transports en commun et l’urgence climatique ? La mouche qui a piqué EELV/Lyon-Métropole c’est celle d’une écologie libérale !
Nous ne voulons pas de cette écologie qui considère que donner un prix à toute chose serait bon. Nous ne voulons pas de cette écologie d’hommes et de femmes patronnesses adeptes des tarifs sociaux.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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