Appel à un nouveau Conseil national de résistance
Pour Samuel Churin, comédien, membre de la Coordination des intermittents et précaires, il faut agir vite et organiser des droits inconditionnels attachés à la personne en matière de revenus.
Chers amis,
Il n’est plus temps de disserter sur le mot « guerre ».
Ce qui est certain, c’est que cette crise fait des morts.
Pas seulement d’un point de vue sanitaire, mais aussi d’un point de vue social.
Le coronavirus touche indifféremment les riches et les pauvres.
La récession ne fera des morts que parmi les pauvres.
Nous devons agir vite.
Notre système social grâce au régime général de la Sécurité sociale permet de porter secours, d’accompagner indifféremment toutes les catégories.
Ce système social est performant sur l’assurance maladie mais défaillant sur la couverture salariale.
Un peu d’histoire. Nous sommes après-guerre. De Gaulle en 1945 charge Ambroise Croizat, ministre du Travail, de penser un nouveau système de protection sociale (assurance maladie, système de retraites, allocations familiales), d’organiser la Sécurité sociale, émanation directe du Conseil national de la Résistance.
Croizat est un génie politique, un visionnaire. Il imagine un principe que les libéraux plus tard ne cesseront de détruire : le régime général de la Sécurité sociale.
Son principe fondamental tient en une phrase : des droits attachés à la personne déconnectés de l’emploi. C’est pourquoi la couverture du régime général de la Sécurité sociale est universelle.
En 1945, nous sommes en période de reconstruction, le chômage n’est pas un enjeu, l’emploi précaire non plus.
En 2020, nous n’en sommes plus là.
Cette crise touche et touchera des millions de pauvres.
Nous devons organiser, penser l’État providence.
Pour cela, prolongeons la pensée de Croizat et organisons des droits inconditionnels attachés à la personne en matière de revenus.
Ce que Croizat a mis en place pour la santé, nous devons le penser pour les salaires.
Mais pas n’importe comment. Car il y aura danger dans les solutions proposées par les libéraux. Notamment celle d’un revenu universel en dessous du Smic qui remplacera toutes les aides sociales déjà existantes.
N’oublions jamais que le statut de salarié est le plus protecteur parce qu’il est soumis à cotisations sociales. Il faudra que ce nouveau système de protection généralisée s’inscrive dans une continuité de salaire.
C’est pourquoi, depuis des années, la Coordination des intermittents et précaires propose un principe simple : couverture généralisée sans condition par l’assurance chômage.
Il s’agit d’assurer une véritable continuité de revenus pour tous.
Des droits inconditionnels attachés à la personne et déconnectés de l’emploi.
Il y a urgence vitale.
Nous devons lancer l’alerte, celle de non-assistance à personne en danger.
Nous devons porter une réponse forte et aussi durable que notre Sécurité sociale.
Nous pouvons agir. Nous devons agir.
Ce que Croizat a réussi pour la santé, nous devons l’imposer pour les revenus.
Je vous appelle à porter cette idée partout et vous engage à reprendre les grands principes du Conseil national de la Résistance.
Organisons nous, nous sommes majoritaires.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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