« Je me suis dit que j’avais un rôle à jouer dans la réserve civique »

Aujourd’hui dans #LesDéconfinés, Mélanie, ingénieure en télétravail, a décidé de mettre son temps libre à profit pour endiguer la crise alimentaire qui menace les personnes les plus démunies.

Marie Toulgoat  • 24 avril 2020
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« Je me suis dit que j’avais un rôle à jouer dans la réserve civique »
© PHOTO : MÉLANIE POULAIN-JAMILLOUX

Je ne suis ni médecin, ni infirmière, ni dans le corps médical, je ne fais aucun métier qui peut aider pendant cette crise. Je me suis quand même dit que j’avais un rôle à jouer. Puisque je suis en télétravail, j’ai du temps libre à côté de mon métier d’ingénieure d’étude. Je me suis renseignée sur le site internet de la réserve civique, il n’y avait qu’une seule mission proposée à Rennes, où j’habite, et elle s’est remplie très facilement. Je m’y suis inscrite, et j’ai été contactée par une bénévole pour organiser de la distribution alimentaire.

#Lesdéconfinés, une série de témoignages sur le travail et les nouvelles solidarités pendant le confinement. Nous cherchons des témoignages de personnes qui ne vivent pas leur confinement comme tout le monde. Si vous êtes obligés de sortir pour travailler ou si vous devez sortir pour créer de nouvelles solidarités (association, voisinage), racontez-nous votre expérience et envoyez-nous un mail.
Pendant le coronavirus, les inégalités sociales ne font qu’augmenter, que ce soit pour les personnes dans la rue, les personnes âgées isolées, les familles à faibles revenus ou les étudiants et étudiantes restées dans les résidences universitaires. Des collectes sont organisées dans les grandes surfaces de Rennes et les denrées sont ensuite acheminées dans les écoles Volga et Trégain, qui sont mises à dispositions par la mairie et où les bénévoles et moi-même travaillons. Les écoles servent de centre logistique pour confectionner les colis qui sont ensuite acheminés vers les plus démunis.

J’aurais aimé rendre service trois fois par semaine, mais par mesure de sécurité, je ne me rends à l’école qu’une seule fois par semaine. Je fais partie de l’équipe du matin ; notre but, c’est de réceptionner les denrées qui ont été achetées ou données par les grandes surfaces. On les dépaquette et on désinfecte individuellement tous les produits au vinaigre, parce qu’on essaye tout de même d’utiliser des produits écologiques. Ensuite, on emmène les aliments dans une autre salle, où l’équipe de l’après-midi fera des paquets selon les besoins des bénéficiaires. Ce sont différentes associations qui viennent chercher et distribuer les repas lorsque les colis sont prêts.

On observe des règles sanitaires strictes. La personne référente du site m’a formée sur les précautions à prendre en termes de tenue, de gants à mettre, de lavage de mains. Il nous est recommandé de ne pas mettre de gants, sauf quand on utilise des produits corrosifs, mais de favoriser le lavage des mains toutes les trente minutes. On a des tabliers à usage unique et on respecte une chaîne unique d’arrivée de produits. Ils arrivent et sont désinfectés en zone sale, et passent ensuite en zone propre pour être mis en sac.

Les personnes qui ont besoin d’aide peuvent se manifester sur un site internet, qui a été traduit en plusieurs langues pour que les personnes migrantes et étrangères puissent aussi recevoir de l’aide. Mais pour la plupart, les personnes étaient déjà bénéficiaires auprès d’associations qui ont dû fermer à cause du coronavirus. Hier par exemple, en tout, 130 paquets ont été préparés dans l’après-midi.

On essaye de répartir la nourriture que l’on reçoit pour en fournir assez à une personne pour une semaine, mais cela dépend des arrivages. Par exemple, hier, on avait seulement 80 kilos de fruits pour tout le monde, ce qui est très peu. On fait attention aux besoins des gens, puisque certaines personnes n’ont pas accès à une cuisine et ne peuvent pas cuire les aliments, d’autres sont musulmanes et ne mangent pas de porc. On ajoute aussi des produits d’hygiène, des couches pour les bébés en fonction de leur besoin.

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