Le documentaire en exergue
Notre Voyage autour de nos chambres #32 vous propose de découvrir l’association « Documentaire sur grand écran » qui œuvre pour la reconnaissance du documentaire dans les salles de cinéma. Elle met en ligne une partie de son catalogue chaque semaine.
L’association Documentaire sur grand écran a été créée en 1991 afin de promouvoir l’accueil du documentaire dans les salles. À l’époque, c’était un combat de faire accéder ce genre à la même reconnaissance que la fiction. Aujourd’hui, plus d’une centaine de documentaires bénéficient d’une sortie chaque année, mais tout est loin d’être idyllique pour autant.
La réflexion et la mémoire
La plupart de ces films sont économiquement fragiles, et requièrent un accompagnement dans les salles (débat avec l’équipe, avec un intervenant extérieur…). Tandis que le documentaire lui-même est encore trop souvent confondu avec le reportage journalistique, ou noyé dans un flux télévisuel – d’où l’appellation « documentaire de création » pour le distinguer – ou, dans certains esprits, toujours exclu du cinéma. Documentaire sur grand écran s’est ainsi donné pour rôle de susciter la réflexion sur ce genre et d’en faire vivre la mémoire à travers son catalogue riche de plus de 250 films.
C’est une petite partie de ce catalogue que l’association met en ligne depuis le début du confinement. Chaque semaine, elle renouvelle le programme des documentaires qu’elle présente en accès libre. Ce sont des courts, moyens ou longs métrages, réalisés par des cinéastes à la notoriété et aux préoccupations diverses.
Critique ou sensible
Ainsi, en cette quatrième semaine, Documentaire sur grand écran propose trois films, dont Sous le vent (31 min.) du grand Robert Kramer, le réalisateur de Milestones et de Route One/USA. Sous le vent est une commande passée en 1991 au cinéaste américain par le ministère de la culture dans le cadre d’une évocation de la politique culturelle des années Mitterrand. Kramer développe un point de vue critique au gré notamment de la parole de Serge Daney, et témoigne aussi de son amour du cinéma.
Voyage en sol majeur (2006, 56 min.), de Georgi Lazarevski, est un film sensible, qui voit le réalisateur accompagner son père de 91 ans dans un voyage dont celui-ci a toujours rêvé sans l’accomplir. Ils font ainsi tous deux un périple au Maroc, qui est surtout l’occasion pour le père de revenir sur le cours de sa vie et sur la perspective de la mort. C’est le très beau portrait, qui n’exclut pas la malice, d’un homme délicat, humble, musicien, entre regrets et fragile présence au monde.
Enfin, L’Empreinte_ (2007, 47 min.), de Guillaume Bordier, est un huis clos tourné dans un centre de boulangerie artisanale en Afghanistan. Le cinéaste y filme les hommes au travail, répétant inlassablement les mêmes gestes, réunis dans un même lieu mais isolés les uns des autres, des solitudes en coexistence.
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