Nos ambitions
Pour nourrir les débats d’importance qui sont devant nous, notre société aura plus que jamais besoin de la presse libre et indépendante, non inféodée.
dans l’hebdo N° 1603 Acheter ce numéro
Au commencement de la fin de cet épisode viral pandémique de notre ère (il y en aura d’autres), nous voici engagés dans une équation aux termes incertains. Quant à son issue… À ce stade, notre utopie sociale et écologique ne gagne pas grand-chose à nous entendre clamer – nous, femmes et hommes de progrès – que nous avions raison depuis longtemps sur les services publics, la santé, les métiers du lien, la relocalisation d’une partie de l’appareil productif et des chaînes d’approvisionnement, les aberrations criminelles des politiques d’austérité, etc. De l’autre côté, les moyens ne vont pas manquer pour retrouver coûte que coûte un rythme d’accumulation du capital suffisant pour remettre à flot profits d’entreprises et grosses fortunes. Le retour de bâton peut faire mal quand on songe au risque de réhabilitation de la voiture à pétrole (pétrole dont des stocks inouïs ont été constitués depuis quelques semaines, semble-t-il).
L’hallali qui va sonner contre le gouvernement (on entend déjà les trompettes) ne suffira en rien si un chemin politique n’est pas tracé très vite. D’autant que le Rassemblement national – toujours très organisé – reste à l’affût. Dans une société de (et sous) surveillance, minée par la défiance envers les institutions et dans laquelle risque de s’installer la méfiance quotidienne à l’égard du type d’à côté – même masqué –, qui sait ce que les tambours du repli peuvent rallier au désastre ? À deux ans d’une élection présidentielle qui devra clarifier la nature de la rupture avec le système économique et politique décadent d’aujourd’hui, la gauche est toujours à la peine, divisée et minoritaire.
Pour nourrir les débats d’importance qui sont devant nous, notre société aura plus que jamais besoin de la presse libre et indépendante, non inféodée. Notre journalisme, celui que nous défendons à Politis et dont nous vous remercions d’être les lectrices et lecteurs exigeant·es, se situe résolument dans une démarche d’information active et de grande ambition démocratique, sociale et écologique. Nous savons hélas que notre taille critique ne permet pas autant que nous le souhaitons la diffusion de nos articles, reportages et éditoriaux. En déconfinant progressivement nos plumes, nous reprendrons donc aussi la voie de la modernisation de notre journal pour grandir, si possible avec d’autres titres, et permettre à ce grand débat politique de se tenir aussi grâce à ce journalisme.
Politis s’est choisi une nouvelle directrice pour mener cette tâche, en la personne d’Agnès Rousseaux, qui nous vient de Basta ! (et continuera à y officier à mi-temps). Journaliste et femme d’entreprise, elle affiche un parcours marqué par un engagement humaniste et social qui entre en parfaite résonance avec notre cahier des charges. Bienvenue à elle.
L’actualité vous fait parfois enrager ? Nous aussi. Ce parti pris de la rédaction délaisse la neutralité journalistique pour le vitriol. Et parfois pour l’éloge et l’espoir. C’est juste plus rare.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don