Convention pour le climat : Les citoyens ont bossé, aux politiques maintenant !
Après neuf mois de travail, les 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat ont rendu, le 21 juin, leur rapport final.
dans l’hebdo N° 1609 Acheter ce numéro
Fierté. Soulagement. Vigilance. Après neuf mois de travail, les 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat (CCC) ont rendu, le 21 juin, leur rapport final de 500 pages, adopté à 95 %. Au gré des auditions d’experts et de débats parfois intenses entre eux, ils ont construit un projet de société visant à répondre à la mission que leur a confiée le gouvernement : « Définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale », à remplir l’objectif européen auquel la France a souscrit, c’est-à-dire « réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990 ». Certains ont « pris une claque », prenant conscience de l’urgence climatique en écoutant les climatologues. D’autres avaient déjà entamé leur propre transition écologique mais ont désormais une vision écosystémique et plus radicale. Dès maintenant. Mais tous l’affirment : ils ont fait le job, au tour des politiques !
La pression est forte sur les épaules d’Emmanuel Macron. Qu’espérait vraiment le président de la République avec la Convention citoyenne pour le climat ? S’est-il tiré une balle dans le pied ? Ces questions méritent d’être posées clairement pour qui connaît la genèse de cette convention.
Janvier 2019 : une semaine après le lancement du « grand débat national » censé calmer la colère des gilets jaunes, le collectif Gilets citoyens publie une lettre ouverte au Président et propose « la création d’une assemblée citoyenne tirée au sort chargée de faire des propositions et donnant lieu à un référendum ». Dans la foulée, l’actrice Marion Cotillard et l’écologiste Cyril Dion sont reçus à l’Élysée et soufflent l’idée que cette assemblée citoyenne prenne à bras-le-corps les questions d’environnement. Un an plus tard, Emmanuel Macron prend un engagement devant les 150 : « Ce qui sortira de cette convention sera soumis sans filtre, soit au vote parlementaire, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. » Nouvelle démonstration de son habituelle emphase verbale, mais aura-t-il le courage de la traduire en actes ?
S’il y a des sujets majeurs qui manquent cruellement (le nucléaire, la taxe carbone…), qui fâchent (renégocier le Ceta, limiter la vitesse sur autoroute à 110 km/h…), qui restent trop discrets (l’agroécologie…), la CCC offre un programme cohérent au gouvernement pour forcer ce quinquennat qui a si mal commencé à enclencher un virage écolo. Mais, dans un contexte de récession économique post-Covid-19, le chef de l’État tiendra-t-il sa promesse ? Son bilan écolo est jugé insuffisant, même par le Haut Conseil pour le climat qu’il a lui-même créé. Et quelle valeur accordera vraiment la macronie à la parole citoyenne, elle qui a ouvert en grand la porte aux technocrates ? Emmanuel Macron a promis de répondre dès ce lundi 29 juin. L’adoption « sans filtre » du programme de la CCC ne peut être qu’un minimum si la France veut tenir ses objectifs de lutte contre le changement climatique.
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