Écologie, le tremplin raté

La pression de la société civile grandit et s’intensifie à mesure que les promesses du chef de l’État s’amenuisent.

Vanina Delmas  • 7 juillet 2020 abonné·es
Écologie, le tremplin raté
Barbara Pompili, nouvelle ministre de la Transition écologique.
© Bertrand GUAY/AFP

L ’écologie n’est pas une option. Maintenant, comment accélérer ? C’est au cœur des priorités que le président m’a chargé de mettre en œuvre », a asséné Jean Castex lors de sa première interview au JT de 20 heures en tant que Premier ministre. Une belle déclaration pleine d’ambition et d’optimisme. Mais comment modeler un monde d’après plus juste sur le plan écologique et social en suivant le cap macronien ? Sur France Info, Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts, rêve d’« un grand ministère de l’Écologie qui ait la main sur les directions de l’agriculture, des transports et de l’énergie. Les autres ministères doivent avoir une vision écologique aussi, et surtout à Bercy ». Un vœu pieux… et une vision globale bien loin de la réalité.

Le rapport final de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) était pourtant un excellent tremplin pour enfin entamer le virage écologique et social tant espéré. Mais, après les trois jokers dégainés par le chef de l’État (1), d’autres mesures semblent contrarier la ligne suivie par le gouvernement pour la « reconstruction ». Ainsi, le ministre de l’Économie a retoqué la baisse de la TVA sur les billets de train de 10 % à 5,5 % et émis des réserves sur l’interdiction de la publicité sur les voitures SUV ; le ministre des Transports pense qu’interdire les extensions d’aéroports est « excessif » ; la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher a confirmé le lancement des enchères d’attribution des premières fréquences 5G, alors que la CCC demandait un moratoire en attendant les résultats de son évaluation sur la santé et le climat. « Si nous sommes à l’écoute des contraintes, des difficultés et des échéances, nous sommes de même à l’écoute des effets d’annonces et des omissions. Ainsi, nous nous interrogeons sur les sujets déjà mis de côté par certains ministres alors que les travaux et rencontres promis n’ont pas encore commencé », ont averti les citoyens de la CCC désormais réunis au sein de l’association Les 150.

La pression de la société civile grandit et s’intensifie à mesure que les promesses du chef de l’État s’amenuisent. Une soixantaine de collectifs et d’associations ont adressé une lettre ouverte au Président et aux préfets pour demander le moratoire promis sur les surfaces commerciales et les entrepôts d’e-commerce, afin de préserver les terres de l’artificialisation. De même, des associations ont envoyé une lettre ouverte au ministère de la Transition écologique et solidaire pour insister sur la nécessité de limiter les liaisons aériennes intérieures de façon plus radicale que ce qui est envisagé actuellement : pour des trajets réalisables en moins de 2 heures 30 en train. En septembre, le plan de relance de l’économie sera dévoilé et la vigilance sera de mise sur les conditions sociales et environnementales imposées – ou pas – aux entreprises recevant des aides publiques.

(1) Limitation à 110 km/h sur autoroute, taxe de 4 % sur les dividendes, réécriture du préambule de la Constitution.

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