« Hotel by the River », de Hong Sangsoo
Pour son vingt-troisième long métrage, le cinéaste coréen prend une tournure plus sombre.
dans l’hebdo N° 1613-1615 Acheter ce numéro
Hotel by the River a pour personnage central Ko Younghwan (Kim Joobong), un vieux poète qui s’est retiré dans un hôtel peu fréquenté en plein hiver. Il pressent qu’il va mourir, même si sa santé semble bonne. Il a donné rendez-vous à ses deux fils pour une entrevue qu’il pense être la dernière. Depuis quelque temps, la tonalité de l’œuvre de Hong Sangsoo prend une tournure plus sombre. C’est d’ailleurs la première fois que le cinéaste coréen, dont c’est ici le vingt-troisième long métrage, choisit un tel protagoniste. Nous sommes pourtant bien chez Hong Sangsoo. On reconnaît la fluidité du filmage, son noir et blanc cristallin (rehaussé par la beauté de la neige qui recouvre le paysage) et une épure dans les échanges entre personnages. Il y a aussi la présence de l’alcool, qui délie les langues et ouvre à une franchise qui, dans les relations père-fils, peut être cruelle. Dans l’hôtel, Younghwan fait la connaissance de deux jeunes femmes dont l’une vient d’être quittée par son amant. Les deux amies s’apportent tendresse et consolation et agissent auprès du vieil homme comme de merveilleuses apparitions : quand il les croise, il ne cesse de les remercier de leur beauté. Hotel by the River est un film tout en subtilité, y compris quand intervient la poésie, non pas utilisée comme « décoration » mais comme un élément troublant l’évidence de la narration. Hong Sangsoo confirme une nouvelle fois l’étendue de son talent.
Hotel by the River, Hong Sangsoo, 1 h 36, en salle le 29 juillet.
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