Jean-Philippe Charbonnier : L’œil grand ouvert

À Montpellier, le Pavillon populaire met en lumière l’œuvre de Jean-Philippe Charbonnier, photographe méconnu au regard vif et saisissant.

Jérôme Provençal  • 22 juillet 2020 abonnés
Jean-Philippe Charbonnier : L’œil grand ouvert
© Jean-Philippe Charbonnier

Comptant parmi les principaux lieux consacrés à l’art photographique en France, le Pavillon populaire, situé au centre de Montpellier, se distingue par l’originalité et la densité de ses expositions, toutes en accès libre. Intitulée Jean-Philippe Charbonnier. Raconter l’autre et ailleurs (1944-1983), l’exposition actuelle invite à découvrir un photographe français peu connu du grand public et pourtant considéré comme l’un des représentants majeurs de la photo humaniste, aux côtés de Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Henri Cartier-Bresson.

Né en 1921 et mort en 2004, Jean-Philippe Charbonnier a traversé presque tout le XXe siècle en gardant l’œil vif, toujours à l’affût, le plus longtemps possible. «Les photos ne vous attendent pas. On est photographe d’une manière permanente, de l’intérieur», disait-il. Venu par hasard à la photo durant son adolescence, il s’est formé sur le tas, alternant plateau, studio et reportages sur le terrain. Attentif avant tout à l’humain et au quotidien de la vie, il se forge un regard qu’il ne va cesser d’exercer et d’aiguiser au long de sa carrière, entamée en 1944. Officiant pour divers journaux, il devient en -particulier un contributeur régulier du magazine Réalités, un mensuel d’actualité très illustré avec lequel il va travailler de 1950 à 1974.

Riche de plus de deux cents photos, majoritairement en noir et blanc, l’exposition présente notamment plusieurs reportages marquants parus dans –Réalités. Une place de choix est réservée au travail sur les hôpitaux psychiatriques français, d’une terrible et vibrante âpreté. Publié en 1955, il est présenté ici pour la première fois dans son intégralité.

De l’Europe aux États-Unis en passant par l’Asie, l’Afrique ou l’île de Sein (une série particulièrement expressive), l’exposition nous amène à naviguer d’un continent à l’autre sur les traces – souvent saisissantes – de l’infatigable reporter baroudeur que fut Jean-Philippe Charbonnier.

Observateur éclairé du réel le plus trivial ou le plus sombre, le photographe ne s’est pas cantonné au registre social. Il a aussi braqué son objectif sur des célébrités – par exemple Miles Davis et Juliette Gréco, unis sur une photo de 1949 parfaitement classieuse. Il a en outre œuvré dans l’univers de la mode, où son œil pétillait notablement et où il faisait preuve d’un sens magistral de la composition.

Jean-Philippe Charbonnier. Raconter l’autre et ailleurs (1944-1983), Pavillon populaire, Montpellier, jusqu’au 30 août. Catalogue aux éditions Hazan, 144 pages, 24,95 euros.

Culture
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