Où va la police ?
Politis a voulu plonger dans les rouages d’une institution à la croisée des chemins entre défiance populaire et « soutien total » du gouvernement.
dans l’hebdo N° 1612 Acheter ce numéro
L’institution est à la croisée des chemins. Heurtée par les mobilisations contre les violences policières, elle semble ne pas comprendre comment la population peut l’acclamer après le Bataclan et la critiquer pour les gilets jaunes. Comme si l’un devait effacer l’autre. Les policiers en colère descendent dans la rue. Drôle de période où, le jour, ils chargent violemment les manifestants, pendant que, la nuit, ils jettent leurs menottes à la lumière des gyrophares, pour réclamer reconnaissance.
Par peur d’un décrochage de la base, Jean Castex, à peine intronisé Premier ministre, s’est précipité au commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), « montrer au policier le soutien du gouvernement de la République ». Un soutien « sans faille », dit-il. « Un soutien total ! », renchérit Gérald Darmanin, nouveau locataire de la Place Beauvau. Un homme sous le coup d’une procédure judiciaire pour viol est censé rétablir la confiance des forces de l’ordre. Où est passée l’exemplarité qu’on exige de la base ? Et si le soutien du gouvernement est « total », est-il pour autant inconditionnel ?
Jean Castex a été accueilli en Seine-Saint-Denis par le préfet de Paris, Didier Lallement. Celui-là même qui clamait, le 16 novembre 2019, à une manifestante des gilets jaunes : « Nous ne sommes pas dans le même camp. » Mais quel est donc ce camp ? Ce même préfet qui, face à l’étendue de l’affaire de la « CSI 93 », où quatre agents sont mis en examen pour extorsion, décide de démembrer l’ensemble de cette brigade de 150 agents. N’est-ce pas là l’aveu d’un problème de fond dans le « système police » ? Les violences policières ne sont pas qu’un problème de « brebis galeuses ».
Politis a voulu plonger dans les rouages de la maison police. Dans un second volet, à paraître la semaine prochaine, nous verrons que, quoi qu’en pensent les politiques, la police de la République appartient aussi à ses citoyens et qu’il est temps qu’ils y prennent toute leur place.
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