Portrait de flic : Dylan, 35 ans, en police-secours à Vénissieux

« J’ai l’impression de ne servir à rien. »

Oriane Mollaret  • 20 juillet 2020
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Portrait de flic : Dylan, 35 ans, en police-secours à Vénissieux
© LUCAS BARIOULET / AFP

Après une formation dans un métier manuel, Dylan* travaille en police-secours depuis dix ans à Vénissieux, en banlieue lyonnaise. Violences conjugales, différends de voisinage, rixes… Les agents du 17 interviennent souvent dans l’urgence. « À 18 ans, je ne me trouvais pas assez mature pour entrer dans la police, donc j’ai décidé d’avoir d’autres expériences de vie avant », se souvient-il. Le jeune homme enchaîne les petits boulots et les voyages sans perdre de vue son objectif : intégrer le Raid, « un rêve de gosse ».

Originaire de la campagne rhônalpine, Dylan voulait travailler dans « un secteur sensible » et atterrit aux Minguettes. Mais il ne s’attendait pas à passer son temps à contrôler des gamins faisant des rodéos sans casque et des fumeurs de joints. « Je le fais parce que c’est mon métier, mais c’est pas le rêve, soupire-t-il. C’est la politique du chiffre : si on ne fait pas assez d’interpellations, on nous le rappelle. En ce moment, on parle des rodéos, donc on nous demande d’interpeller ceux qui en font. C’est inutile, car il n’y aura pas de sanction. J’ai l’impression de ne servir à rien. C’est quand je porte secours à une victime d’agression ­physique ou sexuelle que je me sens utile. » Dylan défend une police plus « humaine » : « On est censés appliquer la loi comme des robots, mais si j’arrêtais tous les mecs qui fument des joints, j’en interpellerais quinze par jour. Donc on fait les juges des trottoirs, on se dit que lui a été cool, honnête, donc on laisse passer. Sur les stupéfiants, c’est les gamins en bas des tours qui trinquent, alors que les gros dealers s’en foutent. Alors j’essaie de faire surtout de la prévention. » Le gardien de la paix dénonce la pression politique : « Quand il y avait les gilets jaunes, c’était open bar. J’ai vu des vidéos avec des tirs de LBD que je ne comprends pas, sans les juger. Aujourd’hui, on veut nous interdire la clé d’étranglement, alors qu’elle n’est pas dangereuse si elle est bien faite et pas maintenue. J’ai peur de ce qu’on va nous mettre à la place. »

*Les prénoms ont été changés.

Société Police / Justice
Publié dans le dossier
Où va la police ?
Temps de lecture : 2 minutes
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