Pour l’égalité, c’est raté

Ce gouvernement est une immense claque aux personnes LGBTQI+ et « en même temps » aux femmes.

Agathe Mercante  • 7 juillet 2020 abonné·es
Pour l’égalité, c’est raté
À la passation de pouvoir entre Marlène Schiappa et Élisabeth Moreno.
© Anne-Christine POUJOULAT / AFP

Sur le papier, Élisabeth Moreno, la nouvelle ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, la Diversité et l’Égalité des chances a tout pour corroborer les déclarations d’Emmanuel Macron à la presse régionale. Vendredi 3 juillet, il affirmait n’être « pas [allé] assez loin » en matière de lutte contre les discriminations. En nommant une femme noire, franco-capverdienne, ayant grandi dans un quartier populaire d’Île-de-France et pur produit de la méritocratie à la française, Emmanuel Macron espère envoyer un signal. Mais si l’on ne peut reprocher à Élisabeth Moreno que ses penchants macronistes, son arrivée au gouvernement peine à cacher le prolongement d’une politique profondément inégalitaire et discriminatoire.

Discriminatoire parce qu’installer Gérald Darmanin place Beauvau, c’est asséner une immense claque aux personnes LGBTQI+ et « en même temps » aux femmes. En 2012, l’alors député LR s’affichait volontiers dans les rassemblements de la Manif pour tous ; il est également sous le coup d’une accusation de viol pour laquelle la cour d’appel de Paris a ordonné, mi-juin, la reprise des investigations. Du « foutage de gueule », s’est indignée sur Twitter l’association Nous Toutes. Pour l’égalité femmes-hommes déclarée « grande cause du quinquennat », on repassera. Cerise sur la pièce montée de 10 étages : l’ancienne tenante du titre de secrétaire d’État à l’Égalité, Marlène Schiappa, a obtenu l’obscur maroquin de la « Citoyenneté », sous tutelle du ministre de l’Intérieur, justement.

Discriminatoire aussi vis-à-vis des personnes racisées. Déjà, parce qu’en termes de représentation, le nouveau gouvernement en manque cruellement. Ensuite, parce que rien n’indique qu’Emmanuelle Wargon, nouvellement nommée ministre déléguée au Logement, poursuive l’action – somme toute assez cosmétique – menée par son prédécesseur Julien Denormandie. Dans une interview au Parisien (1), il affirmait vouloir relancer les – très timides – campagnes de tests sur la discrimination à l’embauche, imposer par décret une formation aux agents immobiliers et retirer le mot « race » de la Constitution. Un programme qui lui échappe maintenant qu’il est nommé ministre de l’Agriculture.

Discriminatoire encore, parce qu’Élisabeth Moreno se voit attribuer l’« égalité des chances », et non « l’égalité ». Sous-entendant qu’à « chances égales » ceux qui ne parviendraient pas à trouver un logement ou un emploi peuvent être tenus comptables de leur échec. Ou comment prolonger la réflexion sur les « fainéants ».

(1) « Oui, il faut enlever le mot “race” de la Constitution », Le Parisien, 14 juin 2020.

Politique
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