Alain Coulombel : « Il faut penser collectif, élargir au maximum »
Pour Alain Coulombel, porte-parole d’EELV, l’union avec les gauches est à portée de main, y compris avec La France insoumise.
dans l’hebdo N° 1616 Acheter ce numéro
Deux mois après leurs victoires aux élections municipales, les partis issus de l’écologie et de la gauche doivent désormais se mettre en ordre de marche pour la rentrée, qui s’annonce lourde sur le plan tant social qu’économique ou sanitaire. Ils doivent aussi s’atteler à maintenir la dynamique qui les a portés à la tête de plusieurs des grandes villes françaises. Comment converger autour d’un projet en mesure de battre la droite aux élections régionales, départementales et, qui sait, présidentielle et législatives ? Réponse d’Alain Coulombel, économiste et porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts.
Quels enseignements tirez-vous de l’année 2020 ?
Alain Coulombel : Il y en a plusieurs. Nous avons été frappés de plein fouet par une crise sanitaire d’une ampleur inégalée. Ses effets sociaux, politiques, économiques sont loin d’être terminés. Il y a évidemment une vie politique qui, en France, s’est en partie arrêtée lorsque le second tour des élections municipales a été repoussé. C’est assez extraordinaire, parce que ça veut dire que nos démocraties sont si fragiles qu’elles ne sont même plus capables d’assurer le fonctionnement normal de la vie politique et de la vie électorale. Et nous sommes loin d’en être sortis ! Il est possible que la poursuite de cette pandémie amorce une transformation très profonde de nos sociétés industrielles. Que ce soit sur le plan politique, économique, et social, évidemment. Cet automne va être terrible en France : on voit déjà s’amorcer des faillites d’entreprise, des fermetures, des licenciements collectifs… On va très bientôt voir les effets des interdictions de rassemblement sur le mouvement social. Des manifestations sont prévues. Vont-elles être autorisées ? Interdites ? Dans quelles conditions ? Nous voyons bien que la crise du Covid-19 marque un arrêt de la respiration démocratique dans notre pays.
Cette crise et ce report du second tour des municipales n’ont-ils pas favorisé les candidat·es écologistes ?
Il est vrai que cette élection a vu émerger des maires écologistes dans plusieurs grandes villes françaises. Des femmes, des hommes, des jeunes… Une nouvelle génération de responsables politiques. Mais faisons attention à ne pas instrumentaliser ces victoires comme étant les victoires d’Europe Écologie-Les Verts seul. Ce serait travestir une partie de la réalité. Car au premier comme au second tour, nous avons bien vu que ce qui a été gagnant, c’est la recherche d’un rassemblement plus large.
Est-ce pour cela que vous avez organisé des journées d’été communes avec d’autres partis ? Comment pérenniser ces rapprochements ?
C’est tout l’enjeu des semaines qui viennent. Il va falloir approfondir ce qui a été acté aux élections municipales. Approfondir ce qui nous rapproche, mais aussi aborder nos divergences. Au sein d’EELV, l’une des divergences qu’il faut absolument que nous abordions, c’est notre rapport aux gauches. Puisque nous n’avons de cesse de dire que nous sommes prêts à gouverner au niveau national, il faut s’en donner les moyens. Et la condition de la possibilité d’atteindre cet objectif, c’est le rassemblement des écologistes et des partis de gauche. Ce n’est pas si irréaliste que ça. Par exemple, quand on compare le programme de La France insoumise et son projet politique avec le nôtre, il n’y a quand même pas de divergences considérables. Il y en a – que ce soit dans notre rapport à l’Europe ou dans notre rapport aux relations internationales –, mais elles ne doivent pas nous empêcher de les dépasser et de nous dépasser collectivement. Donc il faut que les hommes et les femmes qui représentent ces différentes formations politiques se rencontrent, travaillent ensemble, construisent un projet. Pour sortir du présidentialisme français, il faut penser collectif. On a autant besoin de La France insoumise que d’EELV, de Génération·s ou d’une partie du PS. Il faut élargir au maximum ! On ne peut pas attendre 2027 pour recommencer à parler d’écologie, de transformation du modèle. On doit se donner les moyens de l’emporter en 2022.
Comment convaincre massivement les Français de la pertinence d’un programme écologiste et social ?
L’opinion publique est parfois beaucoup plus avancée que ses responsables politiques. Elle est beaucoup plus sensible aux questions écologiques, démocratiques et sociales qu’elle ne l’était il y a trois ou quatre ans.
Alain Coulombel Porte-parole d’EELV.