5G : Les dévots de la tech

Emmanuel Macron a décrété ce nouveau réseau mobile pilier de l’économie de demain. Il s’intronise héraut d’une écologie futuriste et renvoie ses adversaires dans l’archaïsme.

Patrick Piro  • 23 septembre 2020
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5G : Les dévots de la tech
© CHARLES PLATIAU / POOL / AFP

Et voilà la 5G devenue providentielle, qualifiée de pilier de l’économie de demain, d’urgente nécessité face à la concurrence étrangère, de réponse incontournable aux « besoins » d’un monde dépeint en voie d’ultra-numérisation accélérée. En France, les enchères sont lancées : ce 29 septembre, les opérateurs pourront acquérir les licences qui leur permettront d’émettre aux fréquences dévolues à la 5G.

Ce nouveau réseau mobile, émergent dans plusieurs pays, prépare l’invasion de dizaines de milliers d’antennes, fourrées partout, à bout portant des lieux de vie, promettant un débit jusqu’à 100 fois supérieur à celui de la 4G actuelle. Les pro-techno vantent l’avènement des voitures sans pilote, des robots chirurgicaux, de la traduction simultanée, etc. Et de l’intense babillage d’une foison d’objets connectés dits « intelligents ». Dont le distributeur de croquettes du chat, les pots de fleurs, la brosse à dents, la fourchette, le dérouleur de papier toilette, la couche-culotte…

Une fois de plus, c’est la pensée magique faisant office de politique. Et elle a son grand mage, Emmanuel Macron, qui renvoie les critiques au « modèle Amish » et à la nostalgie de « la lampe à huile » (1). Il brocardait la soixantaine de personnalités écologistes et de gauche (Jadot, Mélenchon, Piolle, Ruffin, etc.), dont les maires de Bordeaux, Lyon et Marseille, signataires d’une tribune plaidant pour un moratoire sur le déploiement de la 5G et la tenue d’un débat « démocratique décentralisé (2) » devant la montée des préoccupations.

À lire > Les 5 failles de la 5G

Mais, au-delà du fait qu’elle confirme l’ivresse technologique d’Emmanuel Macron, cette sortie pleine de mépris a une visée politique délibérée. Alors que sa stratégie de maintien au pouvoir consistait à désigner Marine Le Pen comme unique adversaire à la présidentielle de 2022, la double percée du vote écologique (européennes de 2019 et municipales de 2020) bouscule ce plan, donnant corps à la menace d’une candidature Verts-gauche qui compliquerait sérieusement la tâche du Président. Sa pauvre riposte : s’introniser héraut d’une écologie futuriste et renvoyer ses adversaires dans l’archaïsme. À fronts renversés.

Lire aussi >>


(1) Le 14 septembre, dans un discours sur l’innovation.

(2) Le JDD, 12 septembre.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes
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