Bab L’ Bluz : Porte ouverte
Entre gnawa, blues et rock, le quatuor franco-marocain Bab L’Bluz sort un premier album intense.
dans l’hebdo N° 1618 Acheter ce numéro
Au confluent de plusieurs courants musicaux, Bab L’Bluz puise d’abord à la source du gnawa marocain, cette musique rituelle à forte teneur spirituelle dont les ondes ensorcelantes se sont propagées bien au-delà du Maghreb depuis les années 1970, grâce à des formations telles que Nass El-Ghiwane et Gnawa Diffusion.
Le groupe a pour figure de proue la chanteuse et musicienne marocaine Yousra Mansour – particularité saillante dans un univers traditionnellement masculin. Fascinée depuis son enfance par la puissance hypnotique du gnawa, la jeune femme – qui a grandi à El-Jadida – a lancé en 2018 le projet Bab L’Bluz avec le producteur et multi-instrumentiste français Brice Bottin. Lui jouant principalement du guembri (une sorte de luth à trois cordes) et elle de l’awisha (une variante plus petite de guembri), deux instruments totémiques du gnawa, ils ont composé des morceaux ensemble avant d’être rejoints par Hafid Zouaoui (batterie, chœurs) et Jérôme Bartolome (flûte, percussions).
Ainsi constitué en quatuor, Bab L’Bluz – dont le nom peut se traduire par « la porte du blues » – est entré en studio pour enregistrer son premier album avec d’autres musiciens et vocalistes. Publié cet été, l’album s’intitule Nayda !, en référence au mouvement artistique contestataire homonyme qui s’est développé au Maroc à partir du début des années 2000. Y figurent dix chansons, dont les paroles sont pour la plupart écrites en darija, l’arabe dialectal marocain. Démarrant avec « Gnawa Beat », antienne programmatique et euphorique, Nayda ! délivre une musique kaléidoscopique, entre gnawa, blues et rock (tendance psychédélique). Portée par le chant vibrant de Yousra Mansour et mue par une énergie positive très communicative, elle subjugue irrésistiblement.
Nayda ! Bab L’Bluz (Real World).En concert le 11 septembre à Montpellier, festival Arabesques.