La gauche, combien de candidats ?
Si l’on a bien entendu Fabien Roussel, il y aura une candidature communiste en 2022. Cela fait déjà trois, avec Jadot (ou Piolle) et Mélenchon, qui devrait officialiser la sienne en octobre. Sans compter les chevaux de retour du PS. La machine à perdre est-elle déjà en marche ?
dans l’hebdo N° 1617 Acheter ce numéro
Eugène Labiche est un auteur injustement oublié. Il a pourtant écrit une œuvre immortelle : Embrassons-nous, Folleville ! Il faut savoir gré à la gauche d’avoir rejoué cette opérette sur plusieurs scènes en cette fin d’été. Comme chez Labiche, on a soudain embrassé passionnément ce que l’on fustigeait la veille. La palme revient peut-être à Yannick Jadot, en visite à l’université d’été du PS à Blois. Lui qui ne voulait, pour rien au monde, être classé à gauche il y a encore quelques semaines, le voilà aujourd’hui « de gauche », et depuis toujours… Comme en amour, la séduction fait partie du jeu politique, mais point trop n’en faut. Le but de l’opération est transparent : il s’agissait de soutenir le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, partisan de listes communes aux régionales, et prêt, dit-il, à se placer derrière une candidature écolo à la présidentielle. Jadot prêchait donc un convaincu. Mais il ne s’adressait pas seulement à ce PS new-look, il visait aussi la base des Verts, solidement ancrée à gauche, et tentée par la précandidature de son rival, le maire de Grenoble, Éric Piolle. Nous serons évidemment les derniers à nous plaindre de cette évolution. Nous avons toujours défendu l’idée, à Politis, que l’écologie ne pouvait qu’être de gauche, et même anticapitaliste.
L’AG de Pour Politis
Lectrices et lecteurs, ne manquez pas votre rendez-vous annuel avec l’équipe de Politis. L’assemblée générale de l’association Pour Politis se tiendra samedi 26 septembre, à partir de 13 h 30 à l’Ageca (177, rue de Charonne, Paris XIe, M° Alexandre-Dumas). Participation possible à distance par visioconférence. Inscrivez-vous par courriel association@politis.fr
Ce sont en vérité deux partis socialistes qui se font face. Celui d’Olivier Faure n’a certes rien prouvé. Il faut tout juste croire à la sincérité de son chef de file quand il affirme pour lui-même et ses amis : « Le productivisme, c’est fini ! »
Si l’on a bien entendu Fabien Roussel, aux journées d’été du PC à Dunkerque, il y aura également une candidature communiste en 2022. Cela fait déjà trois, avec Jadot (ou Piolle) et Mélenchon, qui devrait officialiser la sienne en octobre. La machine à perdre est-elle déjà en marche ? Sans doute, poser la question ainsi paraîtra pusillanime. Les convergences sur le fond sont si difficiles à trouver. Mais c’est une obligation pour ne pas tomber dans le piège éternel de cette Ve République. Mélenchon avait raison de rappeler, dimanche sur Inter/LCI, qu’il y a souvent eu plusieurs candidatures de gauche au premier tour, ce qui n’a pas empêché l’un d’entre eux de se qualifier, et même de l’emporter, comme Mitterrand en 1981 et 1988. Mais la bipolarité gauche-droite structurait alors solidement notre vie politique. Le séisme de 2002 est passé par là, installant l’extrême droite en haut de l’affiche. Aujourd’hui, le risque est énorme de voir se rejouer le match mortifère de 2017, Macron-Le Pen. On peut imaginer évidemment que la droite sera encore plus bête que la gauche et viendra poignarder Macron qui fait pourtant si bien le job, mais il est imprudent de compter sur cette hypothèse qui dépend plus de Xavier Bertrand ou François Baroin que de Jadot ou Mélenchon. D’autant plus qu’une petite musique commence à se faire entendre à droite : pourquoi ne pas rallier Macron ? Christian Estrosi, qui tient ce discours, a la logique pour lui. L’actuel Président ferait un beau champion pour la droite.
Une analyse au cordeau, et toujours pédagogique, des grandes questions internationales et politiques qui font l’actualité.
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