Cyril Cyril : Encore, encore !
Le duo Cyril Cyril publie un délectable deuxième album, Yallah Mickey Mouse.
dans l’hebdo N° 1624 Acheter ce numéro
Semblant surgir d’un lointain ailleurs, voire de nulle part, Cyril Cyril vient en réalité de Suisse, plus précisément de Genève. Ce détonant projet bicéphale réunit en effet deux éminents activistes de l’effervescente scène alternative locale : d’un côté, Cyril Bondi, intrépide explorateur des musiques improvisées ; de l’autre, Cyril Yeterian, membre du fulminant groupe Mama Rosin et par ailleurs gérant de l’excellent label sans frontières Bongo Joe Records.
En parfaite synergie, Bondi (batterie, percussions, orgue, chœurs) et Yeterian (guitare, banjo, orgue, chant principal) prennent de toute évidence un plaisir fou à jouer ensemble au sein de Cyril Cyril. Comme son (pré)nom de scène le suggère, le duo cultive un fort penchant pour la répétition teintée d’excentricité, perceptible dans sa musique autant que dans ses textes (en français assez peu académique). Tout à fait insaisissable, leur style évoque un post-krautrock tribal et poétique venu de l’espace – ou quelque chose d’approchant.
Après Certaine Ruines (sic), très chouette premier album sorti en 2018, le deuxième opus arrive à point nommé pour illuminer cet automne 2020 placé sous l’éteignoir… Intitulé Yallah Mickey Mouse (tout un programme), il délivre dix morceaux chahuteurs et frondeurs qui nous propulsent illico dans un monde parallèle absolument inouï. Se détachent en particulier « Les Gens », échappée folle à l’infernale dynamique rythmique (comme si Brigitte Fontaine entrait en collision avec Can), « Le Cavalier riant », électrisante traversée arabisante, « Yallah Mickey Mouse », berceuse complètement déglinguée, et « Animal », ode ensorcelante à nos amies les bêtes dans laquelle jaillissent notamment des « corneilles cocaïnées », des « requins devenus rois » ou encore des « fourmis maoïstes ».
Yallah Mickey Mouse, Cyril Cyril, Born Bad Records.