Eaux troubles dans les lacs d’Essonne

Après plusieurs épisodes de pollution touchant le lac de Grigny – Viry-Châtillon, des élus locaux appellent à la conscience écologique et politique des collectivités, des responsables, et des citoyens.

Aurélien Peroumal  et  Janna Boubendir  et  Neal Saunier  • 13 octobre 2020
Partager :
Eaux troubles dans les lacs d’Essonne
© Photo : DR

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le lac. Après des épisodes de pollution en 2001 et en 2013 liés respectivement à la présence d’hydrocarbures et d’une algue toxique, ne voilà-t-il pas que les eaux du lac de Grigny – Viry-Châtillon sont par deux fois troublées en moins d’un mois : la première fois en août comme tragédie, la seconde fois un mois plus tard comme farce. À l’origine de cette catastrophe, le déversement d’eaux de rinçage et de lavage (lessive et savon), consécutif au dysfonctionnement d’un collecteur d’eaux usées situé sur la commune de Grigny.

Une partie de la faune a été empoisonnée (poissons retrouvés morts et « pourris » par centaines), la flore a probablement été touchée également et il existe un risque de contamination pour les oiseaux et autres animaux se nourrissant à proximité. Certains habitants ont d’ailleurs eu peur pour leurs animaux de compagnie. Les conséquences sur l’homme n’ont pas été scientifiquement évaluées mais par principe de précaution, des arrêtés ont été déposés pour interdire la baignade et la consommation de la pêche.

Elle a également révélé l’incapacité des communes de Viry-Châtillon et de Grigny à s’entendre pour mener une action conjointe aux deux villes sur ces lacs partagés et l’incurie de nos responsables à tous les échelons territoriaux (municipal, départemental et régional).

Il est à noter que l’ensemble des étangs qui constituent ce lac sont classés en espaces naturels sensibles (ENS) et zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) et représentent ainsi l’un des plus importants espaces de biodiversité du Nord Essonne. Outre le fait qu’il est un patrimoine environnemental hors du commun, le lac de Grigny- Viry-Châtillon fait également partie intégrante de notre biotope : il est un îlot de verdure qui nous est indispensable face à l’urbanisation effrénée qui touche notre région. Par conséquent, nous ne pouvons plus nous contenter de jouer les fausses coquettes et de rester les bras ballants face à ce qui aurait pu et pourrait, à l’avenir, être évité.

Comme le dit un vieil adage datant de 1986, la pollution ne s’arrête pas à la frontière de nos deux communes. C’est pourquoi nous appelons de nos vœux à la création d’une structure de type intercommunal qui aurait pour mission d’encadrer et de réglementer davantage les usages des espaces aquatiques et terrestres communs (ramassage régulier des déchets, règlementation de la pêche avec la patrouille d’un garde-pêche, en lien avec les associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA)). Nous demandons également que le département de l’Essonne exerce pleinement sa compétence en matière de protection et de préservation d’espaces naturels sensibles, au titre du chapitre II du titre IV du livre 1 du code de l’urbanisme.

Nous, élus grignards et castelvirois, annonçons la création en parallèle de l’Alliance des Lacs pour protéger les Lacs, d’abord au niveau de l’Île-de-France et puis, peut-être, à plus large échelle. Cette Alliance, purement citoyenne, n’est pas une coalition politique, et vise à réunir tous types d’individus, pêcheurs, marcheurs, coureurs, ornithologues, amateurs de verdures et de nature, habitants et usagers de ces lacs afin de sensibiliser les citoyens, les pouvoirs publics et privés et de pousser un chacun à agir, à son échelle (individuelle comme institutionnelle ou associative) à protéger, mettre en valeur et favoriser l’écosystème de ces espaces.

Publié dans
Tribunes

Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.

Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Garantir la fiabilité de l’information et préserver la démocratie à l’heure de l’IA générative
Tribune 5 février 2025

Garantir la fiabilité de l’information et préserver la démocratie à l’heure de l’IA générative

Trois conditions sont nécessaires pour atteindre ces objectifs, estiment cinq syndicats d’éditeurs de presse, dont le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), auquel adhère Politis, dans une tribune publiée avant le Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle des 10 et 11 février.
Par Collectif
Iran : Deux prisonniers politiques en danger d’exécution imminente
Appel 27 janvier 2025

Iran : Deux prisonniers politiques en danger d’exécution imminente

Pour empêcher l’exécution de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, 166 experts viennent de demander au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, une action immédiate de la part de l’ONU. Il y a urgence.
Par Hamid Enayat
Cachez ce salut nazi que je ne saurais voir
Tribune 22 janvier 2025

Cachez ce salut nazi que je ne saurais voir

Après l’imposition des thématiques de l’extrême-droite dans l’espace public, c’est désormais au tour des symboles les plus immondes du fascisme de se frayer un chemin au grand jour. Le tout dans un confusionnisme général dont sont comptables nombre de médias, de personnalités politiques et d’intellectuels.
Par Albin Wagener
Généralisons le repas Crous à 1 euro
Tribune 22 janvier 2025

Généralisons le repas Crous à 1 euro

À l’occasion de la journée d’initiative parlementaire des députés socialistes ce 23 janvier, l’Unef Renouveau syndical, une scission de l’Unef, soutient la proposition de loi concernant la généralisation du repas à 1 euro pour tous les étudiants pour que la France puisse devenir un « un modèle du recul de la précarité étudiante en Europe ».
Par Collectif