Qui es-tu, Sars-Cov-2 ?
Dix mois après la découverte du nouveau coronavirus, que sait la science sur cette maladie émergente ?
dans l’hebdo N° 1622 Acheter ce numéro
Transmission
La transmission est très hétérogène. Depuis mars, de nombreuses études ont montré que seules 10 à 20 % des personnes porteuses du virus étaient à l’origine de 80 % des contaminations. Cela signifie que la plupart des chaînes de contamination s’arrêtent d’elles-mêmes, mais aussi que certaines situations peuvent conduire à de nombreuses infections simultanées. Ce sont les fameux événements « supercontaminateurs ». Au premier rang de ces situations très à risque, les fortes densités de personnes dans des lieux clos mal ventilés : open spaces, bars, night-clubs, lieux de culte, mariages, hôpitaux, foyers… Un risque encore accru lorsque les personnes parlent fort, crient ou chantent.
Contamination
Il est maintenant acquis que le mode de transmission privilégié est l’aérosol, les microparticules que nous excrétons en permanence et qui peuvent rester longtemps en suspension dans l’air, comme le fait la fumée de cigarette. Plus l’accumulation d’aérosol viral est importante dans l’air ambiant, plus une infection est probable. Une donnée fondamentale qui explique les faibles contaminations en extérieur. Qui plaide aussi pour l’usage du masque et l’importance de l’aération. En revanche, les données s’accumulent sur la faible part des contaminations par contact indirect ou par les surfaces. Se laver les mains reste néanmoins une bonne habitude.
Contagiosité
En moyenne, ce sont 5 jours d’incubation, 2 jours de contagiosité sans symptômes, puis 7 jours de contagiosité avec ou sans symptômes. La période contagieuse est donc d’environ 8 jours, avec un pic dans les premiers jours. Près de la moitié des contaminations se feraient par des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques.
Symptômes
Les symptômes du Covid-19 sont également très hétérogènes. Hormis certains extrêmement spécifiques, comme la perte de l’odorat ou du goût, la plupart sont difficilement différenciables de ceux d’une grippe ou d’un rhume. 30 % à 50 % des personnes infectées ne ressentent pas ou peu de symptômes. Si les facteurs de risque (âge, comorbidités) sont désormais bien connus, il reste à ce jour difficile d’expliquer pourquoi tel individu va développer une forme grave, et non tel autre avec des caractéristiques comparables.
Mortalité
Le taux de mortalité du Covid-19 dépend de la qualité des soins et des protocoles, mais surtout des caractéristiques des malades. En France, le taux moyen s’établit à 0,6 % jusqu’ici, mais avec de fortes disparités en fonction de l’âge (jusqu’à 11 % pour les plus de 75 ans) et des facteurs de risque. Dans d’autres pays, la structure de la pyramide des âges peut influer sensiblement sur le taux de mortalité moyen.
Immunité
La question d’une immunité croisée avec d’autres coronavirus endémiques (ceux de la rhino-pharyngite) a beaucoup été débattue. Aujourd’hui, il semble qu’elle soit exclue. Quant à savoir si une personne guérie peut contracter de nouveau le Covid-19, seul le temps pouvait apporter la réponse… ce qu’il a fait, avec, à ce jour, plusieurs dizaines de cas décrits. En effet, les anticorps produits durant la maladie s’estompent avec le temps. La question est maintenant de savoir si une seconde infection peut être moins grave que la première. Les données sont encore en discussion, mais il semble que plus la réinfection intervient tard, moins les symptômes risquent d’être sévères.
Traitements
Si des progrès ont été faits dans la prise en charge des malades du Covid-19, notamment grâce à une meilleure compréhension des évolutions possibles de la maladie et des protocoles de soins moins invasifs et plus adaptés, le monde est toujours en attente d’un traitement efficace. Malgré les espoirs suscités par des molécules existantes (comme la célèbre hydroxychloroquine) et des essais cliniques à grande échelle, aucun effet clair n’a pu être mis en évidence. Des programmes existent pour des traitements plus ciblés, mais la recherche s’annonce longue.
Enfants
Dès les premières données, en janvier-février, il apparaissait, et c’est heureux, que les enfants étaient très peu sujets aux formes graves de la maladie. Mais, sur les grands nombres, des cas se déclarent fatalement. En France, 135 cas de maladie de Kawasaki avaient défrayé la chronique en avril. Les pédiatres ont évalué l’incidence de cette forme grave à 9,4 pour 1 million d’habitants. Aucun décès de jeune enfant n’est à déplorer en France (un cas en Angleterre, deux aux États-Unis, quatre en Italie). Seule une mineure, une adolescente de 16 ans, est morte en avril du coronavirus. Les études sur les transmissions restent incertaines mais, malgré une charge virale équivalente à celle des adultes, les enfants de moins de 11 ans restent moins susceptibles d’être infectés et moins susceptibles de transmettre le virus aux adultes.
Sources principales : https://www.acpjournals.org/doi/full/10.7326/M20-5008, https://www.sfpediatrie.com/actualites/coronavirus-covid-19