Arménie : Pachinian dans la tourmente
Le Premier ministre arménien survivra-t-il à la défaite de ses troupes dans le Haut-Karabakh ?
dans l’hebdo N° 1627 Acheter ce numéro
Le Premier ministre arménien survivra-t-il à la défaite de ses troupes dans le Haut-Karabakh ? Ce 9 novembre, il a dû concéder l’arrêt total des armes dans ce territoire peuplé d’Arménien·nes enclavé en Azerbaïdjan. Sur le terrain, après six semaines de guerre, l’armée de Bakou a conquis la ville de Chouchi, verrou décisif sur la route de Stepanakert. La population civile de la capitale de la République autoproclamée d’Artsakh avait d’ailleurs été précipitamment évacuée vers l’Arménie.
C’est Poutine qui a décidé de la fin des hostilités. Alors que les trois cessez-le-feu obtenus sous l’égide du groupe conciliateur dit « de Minsk » (États-Unis, France, Russie) n’ont jamais été respectés, Moscou a imposé un gel de la ligne de front en déployant 2 000 soldats dans la zone, pour cinq ans au moins. Les portions reconquises dans le Haut-Karabakh (le quart sud et une frange au Nord), ainsi que le glacis qui l’accolait à l’Arménie depuis la victoire de 1994, sont octroyées à Bakou. Reste un corridor, pour relier le territoire à sa mère-patrie.
La Russie fait un retour en force dans le conflit, après avoir laissé l’Azerbaïdjan et son allié turc déployer leur avantage militaire. Une froide realpolitik : Moscou, bien que lié à Erevan par un accord militaire mais en bons termes avec le dictateur Aliyev au pouvoir à Bakou, s’est gardé de voler au secours d’un territoire « arménien » dont l’indépendance n’est pas reconnue à l’international. Et Poutine n’a jamais fait de cadeaux au libéral Pachinian. Le Premier ministre arménien, élu en 2018 en promettant de lutter contre la corruption, apanage d’élites politico-économiques très pro-Moscou, avait lorgné un temps vers des appuis plus occidentaux.
Dans la nuit de lundi, des centaines de manifestants ont forcé le siège du gouvernement et du Parlement. Une crise politique majeure semble inéluctable. Pachinian est notamment accusé par son opposition, menée par des « faucons », d’avoir caché la vérité militaire et sacrifié en vain des milliers de vies. Tous côtés confondus, 5 000 soldats seraient morts.
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