Bataille en vue sur la privatisation d’EDF
dans l’hebdo N° 1629 Acheter ce numéro
Une étape décisive est en passe d’être franchie dans la privatisation d’EDF. Le projet baptisé « Hercule » ressemble à un plan de sauvetage du nucléaire historique, protégeant les activités sensibles et déficitaires dans un pôle public, pour mieux privatiser les activités rentables, comme les énergies renouvelables. Un pur produit de technocratie, dont la négociation, tenue secrète, doit s’achever dans les prochaines semaines entre la Commission européenne, grand ordonnateur de la libéralisation du marché de l’énergie, et la France, qui tente depuis trente ans d’avancer sans trop avoir l’air d’y toucher.
Hercule laisse une désagréable impression de déjà-vu. On retrouve la même volonté acharnée d’organiser une concurrence de toutes pièces, qui a désorganisé La Poste, brutalisé France Télécom et converti la SNCF à la logique marchande.
Néanmoins, l’histoire d’EDF est rarement racontée et très peu débattue. Malgré les fiascos collectionnés sur le marché de gros de l’électricité, la libéralisation avance sans que ses architectes n’aient à rendre de comptes, ni même à produire le moindre argumentaire.
À lire -> notre récit, la calamiteuse histoire d’EDF et de sa concurrence
Ce 26 novembre, l’ensemble des syndicats du secteur de l’énergie, d’EDF à Engie, devaient lancer une mobilisation. Ils réclament que la transition énergétique ne soit pas laissée aux mains du privé et que la France n’hypothèque pas les outils d’une politique énergétique ambitieuse. Ils tenteront de fendre l’armure de complexité qui protège ce projet de tout débat public, en faisant entendre leur droit d’inventaire sur une incroyable collection d’absurdités économiques. Un combat majeur.