La prochaine vague… de crise financière
Les banques ont des centaines de milliards d’euros d’actifs dont la valeur est en chute libre.
dans l’hebdo N° 1626 Acheter ce numéro
Cette vague est montante, et même si l’échéance de son déferlement sur les rives de l’économie et de la société est incertaine, cela ne prendra pas des années. Il est vrai que la finance spéculative est suffisamment déconnectée du monde réel pour avoir nettement rebondi après le « plongeon Covid » de mars 2020 : l’indice central de la Bourse de New York, le Dow Jones, qui était alors passé, en un mois, de 29 000 points à moins de 19 000, a retrouvé fin août des niveaux proches de son sommet, alors que presque toutes les économies vont mal… La gestion politique des effets de la crise sanitaire a bien contribué, cadeaux massifs à l’appui, à donner le moral aux actionnaires et à booster dividendes et cours des actions.
Cela ne durera pas. D’abord, parce qu’une autre vague de récession économique se profile, sous la forme de défaillances d’entreprises, de chômage accru et de pauvreté massive (que d’autres politiques pourraient pourtant réduire). Ensuite, parce que les dettes privées, des entreprises et des ménages, beaucoup plus que celles des États, sont à des niveaux astronomiques et vont devenir non remboursables, entraînant le système bancaire dans la tourmente. Par ailleurs, les défaillances de certains secteurs déjà très endettés vont impacter les banques ou les fonds qui les ont financés. Un exemple est le secteur états-unien de l’extraction des gaz et pétroles de schiste, frappé par la baisse chaotique mais forte du cours du pétrole depuis 2019. Ses dettes sont abyssales et les dépôts de bilan se sont multipliés. Un second exemple est le système états-unien des retraites, largement financées via les fonds de pension. Selon John R. MacArthur, rédacteur en chef du Harper’s Magazine, « c’est là que se trouve le pire de la crise qui vient ». Enfin, les banques ont des centaines de milliards d’euros d’actifs liés au pétrole et leur valeur est en chute libre. Selon l’économiste Gaël Giraud, « la bonne santé des marchés ressemble à une euphorie des derniers instants, avant le crash final ».
Alors, krach général probable des économies contaminées par le virus financier ? Oui, si elles restent dominées par la finance et sa ploutocratie. Pas nécessairement, si elles deviennent des économies conduites par la démocratie, privilégiant des biens communs à développer. Concrètement, cela passerait dans les années à venir par des formes multiples de socialisation non seulement des banques et donc du crédit (levier majeur de toute transition), mais aussi des revenus (pour maintenir les revenus des personnes empêchées de travailler, augmenter fortement le RSA, etc.), et même des entreprises. D’abord les PME en risque de faillite, qu’il faut financer sans exiger de remboursement pour limiter la casse. Mais aussi de grandes entreprises et des banques, dont certaines seront elles aussi en difficulté, à la condition impérative qu’elles planifient de façon démocratiquement contrôlée une reconversion écologique et sociale et une relocalisation significative de leurs activités. Pour sortir de l’impasse actuelle, on ne peut compter que sur des États reprenant la main sur le capital et sur la finance, consolidant leurs services publics et investissant massivement dans la reconversion.
Chaque semaine, nous donnons la parole à des économistes hétérodoxes dont nous partageons les constats… et les combats. Parce que, croyez-le ou non, d’autres politiques économiques sont possibles.
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