À pleins tubes

Depuis une vingtaine d’années, les éditions Mélanie Seteun participent activement à la diffusion de textes proposant des analyses des musiques populaires à travers le monde. Au programme, des livres sur le heavy metal, le rap, la techno et une revue incontournable pour tous les chercheurs spécialisés dans le domaine, Volume ! Parmi les auteurs qui contribuent à enrichir cette collection, Denis-Constant Martin, qui a longtemps collaboré à Politis, est une figure centrale dont l’approche lie sciences politiques et anthropologie.

Plus que de la musique, son nouveau livre, regroupe des articles publiés entre 1990 et 2017 dans plusieurs revues. Il est construit autour de trois axes : l’un, méthodologique, incluant un riche état des lieux des recherches françaises sur les musiques populaires, ou musiques de masse ; un autre, théorique, s’intéressant à des thématiques comme la créolisation, les processus d’appropriation et les relations au politique ; et un troisième, plus ethnographique, avec des études de cas qui mènent l’auteur aux États-Unis, en Afrique du sud, à la Jamaïque et à Trinidad.

Cette somme permet d’évaluer l’immense contribution de Denis-Constant Martin au domaine d’études exploré, en particulier dans son attention méthodique à l’utilisation et à la définition des concepts, et dans son talent pour replacer dans l’histoire ses analyses du reggae ou du jazz.

Reste alors, à la lecture, une petite frustration due au format même de l’entreprise. Depuis 2017, certaines des dynamiques analysées dans cet ouvrage ont fait couler beaucoup d’encre. C’est le cas notamment de la question des appropriations culturelles, aujourd’hui objet de fréquents débats dont se saisit la presse états-unienne. On aimerait pouvoir lire davantage les réflexions de Denis-Constant Martin sur ces évolutions.

Plus que de la musique. Musiques, sociétés et politique. Caraïbes, États-Unis, Afrique du Sud, éditions Mélanie Seteun, Denis-Constant Martin, 552 pages, 28 euros.