Animal Triste : Les riffs de la nuit

Place forte du rock français au début des années 1980, avec les Dogs en figure de proue, Rouen a retrouvé un peu de son lustre depuis quelques années, grâce en particulier à Tahiti 80 et La Maison Tellier. Plus récemment, MNNQNS et We Hate You Please Die, deux jeunes formations adeptes d’un rock tendu, ont fait des apparitions très remarquées.

Il va désormais falloir aussi compter avec Animal Triste. Venant tout juste de sortir son premier album (sans titre), ce nouveau groupe se compose de six musiciens normands aux abords de la quarantaine, amis de longue date : Yannick Marais (chant) Sébastien Miel (guitare), Mathieu Pigné (batterie), Fabien Senay (guitare, chœurs), David Faisques (claviers, guitare) et Cedrick Kerbache (basse). Tous possèdent déjà un solide background, certains jouant ou ayant joué ensemble dans d’autres groupes, notamment La Maison Tellier, Darko et Radiosofa.

L’aventure a démarré fin 2018, sans grand postulat ni plan à long terme. « Nous ressentons une certaine frustration vis-à-vis de la production musicale actuelle et nous avons créé Animal Triste tout simplement pour jouer la musique que nous avons envie d’écouter, raconte Mathieu Pigné. Avec ce groupe, nous cherchons avant tout à nous faire plaisir en cultivant une liberté d’action maximale. »

Certains trouveront peut-être simpliste un tel credo hédoniste. Il frappe pourtant comme une évidence à l’écoute de la musique concoctée par les six acolytes – une musique organique, viscérale, orageuse, sur laquelle se discerne moins la patte des Dogs que la griffe de Nick Cave, de Jim Morrison ou d’Iggy Pop (entre autres fauves électriques).

Ayant vite affirmé son identité, le groupe a bâti en quelques mois un répertoire assez consistant pour envisager de réaliser un album. Celui-ci a été enregistré en seulement quatre jours, du 13 au 16 mars 2020, soit juste avant l’entrée en vigueur en France du premier confinement général, annoncé par Emmanuel Macron le 16 mars au soir et mis en place à partir du lendemain pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19.

« L’album a été réalisé à l’ancienne, avec une très grande spontanéité, précise Mathieu Pigné. Nous voulions jouer live et obtenir un son le plus brut possible. » Ce premier opus contient huit morceaux, tous en anglais, sept originaux et une (épatante) reprise de « Dancing in The Dark », chanson iconique de Bruce Springsteen dont le titre résume idéalement la musique d’Animal Triste : sombre et secouante, parfaite pour danser au cœur des ténèbres.

Animal Triste (m/2L*/PIAS).