Dépenses florales: l’Elysée dément notre lecture des chiffres
D’après l’Élysée, les 600.000 euros évoqués dans l’appel d’offre lancé par la présidence de la République sont une estimation sur 4 ans et non sur 12 mois.
Les montants évoqués dans notre précédent article concernant l’appel d’offre de marché public floral publié en août 2020, et non encore conclu, serait une estimation pluri-annuelle sur quatre ans et non sur 12 mois, se défend l’Élysée. Après être restés sourds à nos demandes d’explications, formulées à plusieurs reprises par mail et téléphone – la première fois près de dix heures avant publication –, ses services nous ont contactés pour démentir notre interprétation de son appel d’offre.
Si « l’étendue du marché » affiche bien une « valeur totale estimée » de 600.000 euros, aucune durée n’est précisée en regard de cette estimation qui correspond à la somme de sept lots. Or, sous chaque désignation de lot, un montant Hors TVA est annoncé suivi de la durée du contrat : douze mois.
Ainsi sous le lot n°1 « fournitures de fleurs coupées » on trouve à l’alinéa « valeur estimée » la mention « valeur hors TVA 400.000 euros » tout de suite suivi d’un autre alinéa nommé « Durée du marché, de l’accord-cadre ou du système d’acquisition dynamique » lui-même accolé de la mention « Durée en mois : 12 ». Une durée re-précisée plus bas : « La durée d’exécution de l’accord-cadre court, à compter de la date de notification, pour une période de douze (12) mois. »
Effectivement, toujours d’après le document publié sur le site officiel des marchés publics, cet accord-cadre « peut faire l’objet d’une reconduction » à trois reprises ce qui porte l’éventualité d’une effectivité à 4 ans. La définition d’une reconduction étant « le renouvellement d’un contrat arrivé à terme. »
Par le passé, les appels d’offre floraux était déjà passés pour quatre ans reconductibles annuellement, nous assure-t-on. Ce qui est vrai. Mais auparavant – par souci de clarté vraisemblablement – les services élyséens mentionnaient le montant « annuel » des sommes estimées pour le total du contrat comme pour chaque lot. Ainsi, dans l’avis de 2011, l’estimation annuelle des dépenses florales étaient portée à 144.000 euros au total. Dans celui de 2015 à 134.000 euros dont 100.000 de fleurs coupées. D’où notre comparaison.
Résumons : nous étions face à une somme globale donnée pour un contrat de 12 mois éventuellement reconductible trois fois, traditionnellement exprimée en valeur annuelle, et il aurait fallu comprendre qu’il s’agissait d’une somme globale estimée sur quatre ans, donc à diviser par quatre pour obtenir une estimation annuelle d’environ 150.000 euros de prestations florales dont 100.000 de fleurs coupées. Assurément nous avons buté sur un nouveau trait de la « pensée complexe » macronienne.
Le palais présidentiel a tenu aussi à préciser à Politis que « tous ces montants ne sont pas des dépenses facturées mais des estimations réalisées compte tenu de l’évolution des prix du marché notamment ».
D’ailleurs, nous prétend-on, le marché pour 2021 ne serait « que » de 129.000 euros. Mais à notre demande de recevoir des documents l’attestant, on nous rétorque que cela est encore un « dossier interne » et qu’en raison de la crise sanitaire, ce marché a pris du retard ; en conséquence, la date de clôture prévue au 21 septembre 2020 a dû être décalé. Nous sommes donc priés de le croire.
Concernant les montants dépensés pour le budget fleurs ces dernières années, les chiffres avancés par l’Élysée sont de 134.000 euros en 2019 et 110.000 en 2020… crise sanitaire oblige. « Le tableau des dépenses du service achats de la Présidence montre une tendance à la baisse continuelle depuis 2015 » assure ainsi l’Élysée. L’ancien député René Dosière, spécialiste de la dépense élyséenne, nous rappelle que la dépense « fleurs » à l’Élysée était de 106.000 euros en 2013…
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