Exilés et demandeurs d’asile afghans : Traqués, insultés, humiliés

Toutes les associations d’aide aux réfugiés dénoncent un « cycle infernal », avec pour origine un sous-dimensionnement de l’accueil en Île-de-France.

Nadia Sweeny  • 13 janvier 2021
Partager :
Exilés et demandeurs d’asile afghans : Traqués, insultés, humiliés
© Crédit : Laure Playoust/AFP

N ous devons accueillir des réfugiés car c’est notre tradition et notre honneur », osait Macron au lendemain de son élection. Depuis, la situation des personnes exilées – parmi lesquelles de nombreux demandeurs d’asile – n’a cessé de s’aggraver. 34 organisations humanitaires ont saisi la Défenseure des droits. Elles réclament d’urgence « un cadre de discussion, réunissant les services de l’État concernés, les collectivités, les associations » pour trouver des solutions pérennes. Toutes dénoncent le « cycle infernal » : sous-dimensionnement de l’accueil en Île-de-France, d’où la formation de campements insalubres, évacués dans la violence, avec des « mises à l’abri » partielles et temporaires. S’ensuit une traque policière à Paris et à ses abords, alors que les exilés dépendent souvent de structures parisiennes pour leurs démarches. Ils sont ainsi ballottés dans les rues jusqu’à ce que… des campements se reforment. Le cycle est en place.

Lire > Reza Jafari : « Ce n’est pas la France que j’aime »

D’après les associations, 283 opérations de « mise à l’abri » ont affecté plus de 60 000 personnes depuis cinq ans, rien qu’à Paris, Aubervilliers et Saint-Denis. Le 17 novembre, l’évacuation du campement de Saint-Denis a « mis à l’abri » 3 000 personnes, mais laissé sur le carreau un millier d’autres. Dont plusieurs centaines d’Afghans, qui représentent la majorité des demandeurs d’asile en France, réputée être l’un des pays d’Europe qui les expulse le moins vers leur pays en guerre. Cependant, en novembre, la Cour nationale du droit d’asile a mis fin à la jurisprudence qui leur accordait une protection quasi systématique. Dans les rues franciliennes, ces Afghans continuent d’errer en quête d’un avenir meilleur. Traqués. Insultés. Humiliés.

Reportage à lire > Réfugiés afghans : Ces ombres dans le froid

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »
Entretien 22 novembre 2024 abonné·es

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »

Auteur de La Colère des quartiers populaires, le directeur de recherches au CNRS, Julien Talpin, revient sur la manière dont les habitants des quartiers populaires, et notamment de Roubaix, s’organisent, s’allient ou se confrontent à la gauche.
Par Hugo Boursier
Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas