Précarité menstruelle : Le patriarcat « sang » dessus dessous
Des femmes et des hommes se battent pour briser le tabou historique des règles féminines. Et certains pouvoirs publics s’attaquent au problème sous l’angle de la précarité et du sanitaire.
dans l’hebdo N° 1636 Acheter ce numéro
Elles empêchent les mayonnaises et les béchamels de monter. Elles font tourner le vin, dérèglent les horloges. Elles noircissent le sucre et font faner les fleurs. Elles laissent des marques ou blessent les nouveau-né·es et font pourrir les aliments. Elles portent la poisse au jeu. Elles portent malheur tout court. Selon Pline l’Ancien, elles peuvent même anéantir un essaim d’abeilles. Depuis des millénaires, les menstruations sont l’objet de nombreuses superstitions, et les personnes qui ont leurs règles, de discriminations. Si la science est parvenue à déconstruire un tant soit peu ces croyances, la philosophie attenante imprègne encore nos sociétés : le sang menstruel est sale, impur. Et les personnes qui le produisent et l’expulsent sont maudites.
Maudites, elles le sont encore aujourd’hui, car condamnées à débourser chaque mois des sommes importantes pour s’en protéger, pour s’en cacher. Quant à celles qui n’ont pas les moyens de s’offrir des tampons, des serviettes ou des protège-slips, elles sont les premières concernées par la précarité menstruelle. Maudites ensuite, tant la société patriarcale refuse de connaître et de reconnaître cet état naturel que sont les règles. Heureusement, les mentalités changent et des femmes et des hommes se battent pour briser le tabou. À la faveur d’une certaine parité politique, certains pouvoirs publics ont pris les choses en main. L’Irlande, le Kenya et la Malaisie ont supprimé la TVA sur ces produits. Récemment, l’Écosse en a annoncé la gratuité totale.
Mais il reste une inconnue de taille : la santé. Les matières contenues dans les protections périodiques peuvent être toxiques et nécessitent un contrôle renforcé.
La « bataille de l’intime » est loin d’être terminée.
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